mercredi 23 janvier 2013

La réforme

Il est un lieu commun qui veut que la France soit un pays totalement irréformable. C'est bien connu la moindre réforme pousse tous les Français dans la rue.

Je suis la première à dire que les syndicats français sont une catastrophe dans la mesure où les deux tiers de leurs grèves sont incompréhensibles, soit par manque de pédagogie, soit parce que les mouvements sociaux sont trop nombreux et donc inefficaces. A se mobiliser sur tout, il n'y a aucune hiérarchie et donc aucune efficacité. Pour donner un exemple, si on fait grève sur la diminution du nombre de rouleaux de papier toilette on a du mal à être pris au sérieux quand on fait grève, au hasard, sur les changements de rythme scolaire.

Au delà de l'aspect communication (communication autours de la réforme tout autant que la communication autours de la grève) quelle est la réalité ? La France est-elle aussi irréformable que cela ou les réformes ne font-elles pas parfois preuve d'amateurisme ? En gros, est-ce le pays ou ses dirigeants qui sont en cause ?

Je me pose la question à l'occasion de la réforme des rythmes scolaire. Le soucis est que la réforme étant tellement floue et tellement aléatoire dans son application, personne ne sait réellement ce qu'elle va donner. Tout d'abord il semble que l'aménagement ne soit pas le même à Paris et en Province, voir qu'il change en fonction des communes. Ensuite certaines communes vont demander des dérogations, le temps de s'équiper et de former les personnel adéquate. Le ministre lui-même espère que 50% des communes appliqueront sa réforme en septembre 2013. Le temps que 100% des communes française appliquent cette réforme le rythme scolaire aura déjà changé...

Bref au delà de l'acceptation de la réforme il y a son application qui se révèle plus qu'aléatoire.

Pour illustrer mon propos, je vais rester dans l'éducation nationale et prendre deux réformes qui ont été mises en place au moment de la seconde guerre mondiale. Peu de gens le savent, mais le carnet de correspondance et les réunions d'information parents-professeurs ont été mise en place sous l'occupation (circulaire de juillet 1940).
Personne ici ne viendra contester que c'est une bonne réforme. Dans l'absolue l'idée est simple et efficace.
Dans la réalité, c'est autre chose...

Cette circulaire est restée lettre morte dans la zone occupée pour la simple et bonne raison que le droit de réunion avait été supprimé par l'occupant nazi (donc pas de réunion d'information) et que le papier était rationné (donc pas de carnet de correspondance). En zone "libre" ces circulaires n'ont été beaucoup plus appliquées pour des raison assez similaires.

Nous avons donc l'exemple parfait d'une réforme simple, qui semble de bon sens mais totalement inapplicable, ou au mieux applicable au cas par cas, rompant aussi la sacro-sainte égalité française.
Dans la France d'aujourd'hui, il y aurait eu 5 jours de grève 3 grosses manifestations contre une réforme inadaptée et suivie d'aucun effet.







Ainsi donc la France manque-t-elle peut être tout simplement de bonnes copies ministérielles (même si elle manque aussi probablement de volonté réformatrice).


Concernant ma position sur le rythme scolaire, la voici : Entretien avec François Testu.

mardi 22 janvier 2013

La caricature et la blessure.

Au sujet de ce poste je vais marcher sur des œufs. Le temps a passé, tout le monde s'est (un peu) calmé. Néanmoins le sujet reste sensible et comme je vais faire moi-même des généralisations, il n'est pas impossible que je tombe dans la caricature. Je m'en excuse par avance.

Je voudrais revenir sur l'affaire des caricatures version 2012. Je mets ici deux tribunes relativement symptomatiques du climat et des opinions de l'époque.

Raphaël Enthoven dans l'Express

Christian Makarian (toujours dans l'Express)

Ce poste n'essaiera pas de savoir si il est bien ou mal, dans un contexte tendu, d'aviver les tensions en caricaturant une croyance. Le point sur lequel je veux revenir, c'est "comment notre société a traité la question". Et surtout "s'est-elle posé les bonnes questions ?".

Ce qui me frappe c'est que les réactions et les débats n'ont eu lieu que sur un seul terrain, celui de l'idéologie et de la philosophie. D'ailleurs sur les deux articles mis en lien ci-dessus, l'un est signé par un philosophe. Comme si ce débat se déroulait dans l'éther, en dehors des contingences sociales et du pays matériel dans lequel nous vivons. Il n'était question que de croyance, absolument pas d'origine et de situation social.

A ce stade je vais faire un petit détours par la démographie et les cours de démographie reçus il y a hem... quelques temps à la fac. Le professeur nous expliquait que certaines populations, dans certains pays (les États-Unis par exemple) aiment être comptées, mais qu'en France c'est l'inverse. En France, il est interdit de faire une étude démographique basée sur une religion ou une couleur de peaux. En France, la religion est considéré comme quelque chose de personnel, aussi peu déterminant que la couleur d'un sac à main. Comme le soulignait une étude franco-britannique (autre pays où les communautés aiment se compter) en France on se dit tous français. On insiste sur nos ressemblances au prix de la reconnaissance de nos différences.

C'est probablement pour cela que le débat s'est entièrement déroulé sur le terrain des idées et n'a absolument pas essayé de resituer ceux qui prenaient la parole dans un contexte.Ceux qui parlaient devaient être tous les mêmes puisqu'ils étaient tous français et que l'on parlait de notre bien commun, la société française. Aucun besoin donc de qualifier les origines, l'état d'esprit, la culture, etc... de chacun, encore moins d'explorer d'autres champs (comme le juridique, la sociologie, la psychologie de masse etc...).

Voici un petit florilège

Personnellement j'avoue avoir été assez peu passionnée par ce débat car il m'a semblé pauvre et condamné à un éternel recommencement. Certain réclame le respect de leur liberté de rire et d'autre le respect de leur liberté de croire.

Pourtant dans un reportage France Info (que je ne retrouve malheureusement pas), une parole m'a interpelée. Le journaliste interviewait les manifestants "anti-caricature" et au milieu des revendications, l'un deux a dit, "nous n'avons pas de boulot, non n'avons pas de maison, nous n'avons pas de reconnaissance, laissez nous au moins notre religion". Il m'a semblé que cette phrase (relevée par personne) était particulièrement éclairante.
Ce que demandait ce jeune homme c'est qu'on respecte ce qu'il considérait comme la dernière parcelle intègre et respectable de lui même. Les conditions matérielles, il avait fait avec, mais son espérances et ses croyances devaient être respectées. Peut être ce jeune homme se sentaient-il comme l'Electre de Giraudoux, qui accepte de tout perdre tant que sa vérité tient debout et qui est elle-même portée par cette vérité.

Je me suis demandé pourquoi ces caricatures faisaient tant de bruit. Charlie Hebdo, comme le dit son équipe, caricature tout. Pourquoi la religion musulmane est-elle un sujet si sensible. Seule une poignée de catholique se sent blessée par Charlie Hebdo, pourquoi pas les autres ? Et pourquoi ne manifestent-ils pas ? Peut-être parce qu'ils ont, je cite, "un boulot, une maison, une reconnaissance".

On passait ainsi d'un problème philosophie à un problème purement social, sur lequel strictement personne ne s'est plongé. Qui a parlé des manifestants ? Qui leur a demandé d'où ils venaient ? D'où venait leur foi, quelle était leur CSP ? Rien. Rien en dehors des fameux signes manifestes de leur religion (barbes, vêtements, voile).

Moi je me demande combien de jeunes estiment qu'ils n'ont rien d'autre que leur foi. Combien estiment qu'on les méprise et qu'on a rien à leur offrir ? Est-ce que la vraie blessure n'est pas plutôt là, que dans 4 ou 5 dessins publiés dans un journal à tirage moyen ? Est-ce la blessure d'un génération, ou d'un seul jeune homme ? Combien sont-ils à penser comme lui ? Est-ce un vrai sujet ou juste les présupposées caricaturaux d'une jeune femme CSP+ bien intégrée et anti-cléricale ?

Et finalement quand on repense à ce jeune homme, n'aimerait-il pas tout simplement ce qu'a le journaliste de Charlie Hebdo ? Une voix, un statut social, une certaine reconnaissance et, sans parler de richesse, une certaine aisance financière.

Et enfin, pourquoi notre société n'a-t-elle pas jugé bon de se poser ces questions ?


Mon texte ne justifie pas le fait qu'on brule des locaux ou qu'on crache sur une religion. Encore une fois le problème n'est pas ici de déterminer qui a tord ou raison, mais d'essayer d'élargir le champ de la réflexion et pourquoi pas ? trouver des nouvelles pistes pour vivre ensemble.


Enfin il n’est pas non plus interdit de penser que ce poste est la plus grossière des caricatures...

lundi 21 janvier 2013

L'égalité...

c'est pas pour maintenant.

Je viens de publier un poste sur l'élevage de gnome. Mon mari s'investit largement dans l'éducation de notre fils (au moins à hauteur de 50%). Pourtant, dans mon poste, il n'est question que des mères, et de leur vision de l'éducation.

A quand une vraie place pour les pères ???

Il aurait simplement fallu que j'enlève quelques "e" et que je mettent certaines phrases au masculin pluriel.
Grrrrrrrrrrrrr il y a encore du boulot sur le chemin de l'égalité, y compris dans ce blog.

Parents français vs. parents américains

Chose promise chose due : voici ma critique de ce fameux article, ou ma lettre à Pamela Druckerman.

J'en profite pour remettre le lien vers l'article au cas où vous ne l'auriez pas lu : Pourquoi les parents français sont supérieurs

Au passage je signale une interview de l'auteur dans Elle (qu'en bonne blogueuse je me suis empressée d'acheter pour nourrir mon sujet). Car oui en plus de cet article, l'auteur a fait un livre, compilant expérience personnelle et études internationale (chose très américaine) que la journaliste, le Dr. AGA, s'empresse de nuancer/critiquer avec humour (chose très française).

Je note tout d'abord que mon dernier poste a suscité quelques commentaires (en live ou pas) que je pourrais principalement résumer à ceci "mmmmm mes enfants doivent être américains. Pas d'autres explications.". J'avoue que ce fût aussi mon premier sentiment (et celui de la journaliste de Elle), en lisant la scène du restaurant. Pour moi, on n’est pas parents tant qu'on a pas eu une crise dans un lieu publique avec un enfant qui se roule par terre.

Avouons que nous, les mères, avons toutes vécu cette scène là :


Et oui parfois nous pensons que le préservatif est une si belle invention (au delà de son efficacité contre le sida, que l'on ne rappellera jamais assez). 


1- Des mamans auto-centrées

Peut être est-ce la première différence entre les mères américaines et les mères françaises. Avouer que parfois, on lorgne sur l'onglet "vente" d'e-bay, ne nous gène pas. Le stéréotype de la mère parfaite française passe aussi par ce petit détachement cynique que les français appliquent à tout et affectionnent particulièrement.

Ensuite l'auteur insiste (dans son article et dans Elle) sur la notion de "moi d'abord" opposé à "mon enfant d'abord". Je pense qu'elle a tout à fait raison. De ce que j'ai pu voir des mères américaine l'enfant passe avant tout. Je pense d'ailleurs que ce n'est pas un hasard si le mouvement "No Child" à commencé là bas en réaction au "Child first".
La France n'est pas un pays féministe. Nous ne sommes pas à la pointe des droits des femmes, nous ne sommes pas fan des "gender studies". Ce n’est pas pour autant que nous n'avons pas été touchés par les mouvement féministes, notamment ceux qui ont apporté la pilule et l'avortement. Mais l'arrivée de ces mouvements ne nous semble pas en contradiction avec le fait d'avoir des enfants. Les femmes ont signé des pétitions, travaillé, milité pour le droit de faire ce qu'elles veulent de leur corps et leurs enfants... ont suivi. C'est pour cela que l'on peut militer au planning familiale tout en ayant envie d'enfants. Pour les françaises les enfants ne sont ni le problèmes ni la question, mais c'est plutôt le choix qui est au cœur de leurs batailles. J'ai l'impression que les choses ne sont pas du tout posées de cette manière pour une américaine.

Néanmoins pour nuancer ceci je ne peux que conseiller la lecture du livre d’Élisabeth Badinter, Le Conflit. Qu'on soit en accord ou pas avec ce qu'elle écrit, dans un passage elle revient sur l'histoire féministe de la France et suggère que le (léger) retour de bâtons que nous constatons est peut être du au militantisme de nos ainées. En gros les femmes se sont émancipées et les enfants ont du suivre. Maintenant que ceux-ci sont grands ils ont à cœur de ne pas reproduire ce schéma et seraient beaucoup plus centrés sur leurs enfants. Voilà qui viendrait nuancer les affirmations de notre Pamela internationale.


Allez c'est la récrée :



J'en profite pour vous conseiller la lecture de ce merveilleux blog : Petit précis de Grumeautique
de l'unique Nathalie Jomard. Voilà à quoi ressemble une VRAIE maman française. 

2- L'autorité naturelle des parents français

Comme nous le démontre merveilleusement bien le blog cité ci-dessus et comme le démontrent quotidiennement nos merveilleux bambins, non, nous les mamans française n'avons pas une autorité innée. Je dirais même qu'on galère.
 Il n'empêche que Pamela a 100 fois raison quand elle dit que c'est notre priorité n°1. Si l'on parcours les forums, de quoi se plaignent les mamans ? "Il ne m'écoute pas" "il répond" "elle me dit "non" quand je lui dis d'aller se coucher" "il ne me dit jamais merci". OK pour les plus grands vient ensuite "il ne fait rien à l'école" en plutôt bonne position (à partir de 6-7 ans), mais on parle ici de petite enfance.

Il m'est apparu évident que la problématique des mères américaines n'est pas celle-la. Pour une maman américaine le Graal est un enfant équilibré. Pour nous, c'est qu'il soit sortable. Oh bien sûr nous voulons aussi des enfants bien dans leurs baskets mais combien de fois ai-je entendu "mais non voyons, tu l'aimes c'est tout ce dont il a besoin". Pour nous l'amour est l'alpha et l'oméga de l'épanouissement de notre enfant, pas le cours de chant ou de dessin. Pour simplifier : on l'aime et c'est bien suffisant. 

D'ailleurs en matière d'éducation quel est le dernier débat américain ? Celui qui a tourné autours de la publication du livre "Maman Tigre" d'Amy Chua. Cette maman américano-chinoise considérait que les américains sont bien trop tendres avec leurs enfants et qu'un dessin de fête des mères doit finir à la poubelle si il n'est pas une copie acceptable d'un Léonard De Vinci. Bref la clef de la réussite c'est l'exigence et l'excellence dès le plus jeune âge. Nous y voilà. 
Les américains se sont jetés sur ce débat car le but de leur éducation doit être la réussite. L'enfant doit se choisir une voie, s'accomplir dans celle-ci et devenir tout bonnement le meilleur. Ce n'est pas un hasard si la très très large majorité des films américains pour enfants ont pour thème l'accomplissement personnel. "Accompli-toi", "crois en tes rêves", "trace ta route" sont des refrains que l'on entend tout au long de ces films. Le fait qu'il ne peut y avoir 6 milliards de Lady Gaga ou d'aspirantes Lady Gaga n'est pas un argument pour eux.  
Pour nous, ces messages semblent incongrus. 
Et à ce stade de ma réflexion je vais avancer en terrain glissants mais tant pis : je pense que ces différences sont historiques et géographiques. Nous sommes un peuple qui vit sur une terre plutôt densément peuplée, l'Europe, sur laquelle se lient et se déchirent une mosaïque de peuple. Il nous aura fallu plus de 2000 ans pour vivre sans (trop) de guerre et construire quelque chose ensembles. Dans ces conditions nous avons été obligés de composer avec les autres. Il n'est pas illogique de penser que notre besoin de "respectabilité" vient de là. Il faut que notre enfant sache se tenir parce qu'il n'est pas seul, parce que nous ne sommes pas seuls.

Les américains, eux se sont construits en partant à l'assaut de vastes territoires. Leur but ? Partir loin et y monter leur commerce. On est bien dans l'idée d'une réalisation personnelle vs. une collaboration pluriculturelle.

Je rapprocherais plus notre modèle du modèle japonais dans lequel chacun n'est qu'un maillon d'un ensembles. C'est flagrant quand on va au Japon : il y a des employés partout ! Sur le quai du métro, pour tenir une porte, fournir un renseignement, ces métiers sont omniprésents alors qu'ils ont totalement disparus en France (et je n'ose même pas parler des États-Unis).  La conséquence première, c'est que le taux de chômage est très bas. La seconde conséquence c'est que tout le monde à une place dans la société. Pas forcément la place de ses rêves mais une place quand même et surtout une utilité.
Enfin ce que je considère comme la troisième conséquence c'est que les usages sociaux (politesse, coutume etc...) sont extrêmement forts et ont une place centrale.
 Les États-Unis sont à des années lumières de ce schéma. 
  
Pamela n'a donc pas tout à fait tord quand elle dit que l'autorité et la politesse sont l'axe principale de notre éducation. Ce n'est pas que nous sommes plus douées, c'est que nous sommes plus convaincues car c'est le plus important pour nous. Ajoutons à cela que contrairement aux américaines, nous ne voyons pas notre enfant comme un partenaire, un égal, mais comme une personne en dessous de nous, qu'il nous faut élever. Nous ne faisons pas grandir nos enfants, nous les élevons au rang d'adulte, de citoyens.

La conséquence négative de tout cela, Pamela n'en parle pas dans cet article et en parle très peu dans Elle. C'est bien dommage car à mon sens cela donnerait plus de poids à se démonstration. 

La conséquence c'est que l'enfant doit se plier au monde de l'adulte et que les parents doivent se plier au monde des nullipares. Ma belle mère m'a mainte fois raconté son arrivée à New York dans les années 70 avec un enfant de 3 ans. Enfin il y avait des grands trottoirs pour circuler avec sa poussette, enfin il y avait des gens qui jetaient un regard bienveillant sur son statut de mère au lieu de voir cela comme une gène. Pour la première fois, elle avait l'impression que des choses étaient prévues pour son enfant. Quiconque à pris le métro ou circulé une heure en poussette à Paris conclura de lui-même que ce n'est pas le cas en France. L'enfant étant un non-sujet, on n'a pas à faciliter la vie de sa mère avec des équipement pratiques.

L'autre conséquence c'est que l'enfant doit très vite apprendre à se couler dans la règle et dans la norme. Ainsi durant sa scolarité, dans une rédaction on ne lui demandera pas d'exprimer un point de vue, encore moins de faire preuve de créativité mais plutôt d'être capable de construire un raisonnement et cela sans aucune faute d'orthographe. C'est un système qui peut s'avérer destructeurs pour les enfants. La France n'est d'ailleurs clairement pas à la pointe pour tout ce qui est de la prise en charge des enfants différents. Pour les États-Unis la différence est la norme, pour la France c'est une faute de goût.

Alors oui on va dire que cet article comporte beaucoup de clichés. Oui il y a aussi des lacunes. On y trouve aussi quelques travers (mais QUAND les américains arriveront-ils à se débarrasser de cette obsession au sujet de nos assiettes et de leur contenu ?). Mais l'éloge n'est finalement pas si mal vu. Et l'élevage de grumeau étant finalement l'un des passe-temps les plus culpabilisants qui soient, il serait malvenu de cracher dans la soupe. Que l'on nous sert le sourire aux lèvres.
  

Bloggueuse indigne

Ce soir j'étais censée faire mon nouveau poste (je l'ai même commencé). Au lieu de ça, je suis allée massacrer du zombie au soleil avec mon mari (Dead Island) en sirotant une tisane.

Je ne sais pas si je suis une mère indigne... euh pardon française, mais en tout cas je suis une bloggueuse indigne.

jeudi 10 janvier 2013

Pourquoi les parents français sont supérieurs

J'adooooooooooooore lire des articles sur les français. Au pire ils me font rire au mieux il me mettent le nez sur des aspects de notre culture que je n'aurais jamais remarqué sinon.
Peut être parce que je suis dans une bonne période avec mon fiston (2 ans et 2 mois au compteur), j'ai particulièrement aimé celui-là. Du coup j'ai passé l'après-midi à le traduire (ce qui est excellent pour mes neurones). Pour le commentaire il faudra attendre mon prochain poste. J'ai en effet un petit d'homme à éduquer. ;-)

Voici l'article original


Pourquoi les parents français sont supérieurs ?


Alors que les Américains s’arrachent les cheveux sur la parentalité moderne, les Français élèvent heureux, des enfants bien élevés, sans anxiété. Pamela Druckerman enquête sur les secrets gaulois pour éviter les crises de colère, l'enseignement de la patience et de dire «non» avec autorité.

By PAMELA DRUCKERMAN

Quand ma fille avait 18 mois, mon mari et moi avons décidé de partir un peu en vacances d'été avec elle. Nous avons choisi une ville côtière qui est à quelques heures en train de Paris, où nous vivions (je suis Américaine, il est britannique) et nous avons réservé une chambre d'hôtel avec un lit d'enfant. Bean, comme nous l'appelons, était notre seul enfant à ce stade, nous pensions alors, excusez notre naïveté: Comment cela pourrait-il être dur ?

Nous prenions le petit déjeuner à l'hôtel, mais nous mangions le déjeuner et le dîner dans les restaurants de fruits de mer peu partout dans le vieux port. Nous avons rapidement découvert que d'avoir deux repas au restaurant par jour avec un enfant en bas âge méritait d'être son propre cercle de l'enfer.

Bean s’intéressait brièvement à la nourriture, mais quelques minutes plus tard, elle renversait les salières et déchirait les sachets de sucre. Puis elle demandait à être sorti de sa chaise haute pour s'élancer autour du restaurant et vadrouiller dangereusement vers les quais.

Notre stratégie était de terminer le repas rapidement. Nous commandions tout en s’asseyant, pressant alors le serveur pour avoir un peu de pain et apporter nos entrées et de plats principaux en même temps. Alors que mon mari prenait quelques bouchées de poisson, je faisait en sorte que Bean ne se fasse pas écrasée par un serveur ou ne disparaisse pas corps et biens en mer. Puis nous changions. Nous laissions des pourboires astronomiques pour compenser le champ de  serviettes déchirées et les petits bouts de calamars tout autour de notre table.

Après quelques repas atroces au restaurant, j'ai commencé à remarquer que les familles françaises qui nous entouraient ne semblaient pas partager notre calvaire. Bizarrement, on aurait dit qu'ils étaient en vacances. Les tout-petits français étaient assis, contents, dans leurs chaises hautes, en attendant leur nourriture, mangeaient du poisson et même des légumes. Il n'y avait pas de hurlement ou de gémissement. Et il n'y avait pas de débris autour de leurs tables.

Bien que vivant en France depuis quelques années, je ne pouvais pas l'expliquer. Et une fois que j'ai commencé à réfléchir sur les parents français, j'ai réalisé que ce n'était pas seulement l'heure du repas qui était différente. Je me suis tout à coup posé beaucoup de questions. Pourquoi par exemple, durant les centaines d'heures durant lesquelles j’avais quadrillé les terrains de jeux français, je n'avais jamais vu un enfant (sauf le mien) piquer une crise de colère? Pourquoi mes amis français n'ont jamais besoin de lâcher le téléphone parce que leurs enfants étaient en train d’exiger quelque chose? Pourquoi leur salon n’était pas envahi par des tipis et des cuisines-jouets, comme l’était le notre ?
Bientôt, il est devenu clair pour moi que tranquillement et en masse, les parents français obtiennent des  résultats qui créent une atmosphère familiale tout à fait différente. Lorsque des familles américaines ont visité notre maison, les parents passaient souvent une grande partie de la visite à arbitrer les querelles de leurs enfants, à faire des longueurs autour du mini coin-cuisine ou de s’allonger sur le sol pour construire des villages Lego. Quand des amis français nous rendaient visite, en revanche, les adultes buvaient leur café et les enfants jouaient joyeusement dans leur coin.

À la fin de nos vacances à la mer ruinée, j'ai décidé de comprendre ce que les parents français faisaient autrement. Pourquoi les enfants français ne balançaient pas leur nourriture? Et pourquoi leurs parents ne criaient pas ? Pouvais-je changer mon câblage et obtenir les mêmes résultats avec ma propre progéniture?

Poussée en partie par le désespoir maternel, j'ai passé les dernières années sur plusieurs enquêtes au sujet des parents français. Et maintenant, que Bean a 6 ans et les jumeaux 3, je peux vous dire ceci : Les Français ne sont pas parfaits, mais ils ont quelques secrets parentales qui fonctionnent vraiment.

J'ai d'abord réalisé que j'étais sur quelque chose quand j'ai découvert une étude de 2009, menée par des économistes de Princeton, qui comparait les expériences de garde d'enfants de mères dans la même situation à Columbus, dans l'Ohio, et à Rennes, France. Les chercheurs ont constaté que les mères américaines pensaient qu'il était plus de deux fois plus désagréable de s’occuper de leurs enfants. Dans une autre étude par les mêmes économistes, les mères qui travaillent au Texas disent que même le ménage est plus agréable que la garde d'enfants.

Rassurez-vous, je ne souffre certainement pas d'un préjugé pro-France. Au contraire : je ne suis même pas sûr que j'aime vivre ici. Je ne veux surtout pas que mes enfants grandissent et deviennent des parisiens dédaigneux.

Mais au sujet de tous ces problèmes, la France est le film parfait pour évoquer les problèmes actuels de la parentalité américaine. Les parents des classes moyennes françaises (je n'ai pas suivi les très riches ou pauvres) ont des valeurs qui me sont familières. Ils échangent avec leurs enfants avec zèle, en leur montrant la nature et leurs lisent beaucoup de livres. Ils les emmènent à leur cours de tennis, au cours de peinture et aux musées scientifiques interactifs.

Pourtant, les Français ont réussi à être présents auprès de leurs familles, sans que ça devienne obsessionnel. Ils partent du principe que même de bons parents ne sont pas au service constant de leurs enfants, et qu'il n'y a aucune raison de se sentir coupable à ce sujet. «Pour moi, les soirées sont pour les parents», m'a dit une mère parisienne. «Ma fille peut être avec nous si elle veut, mais c’est un temps pour les adultes." Les parents français veulent que leurs enfants soient stimulés, mais pas tout le temps. Tandis que certains bambins américains ont des professeurs privés de mandarins et une formation de pré-alphabétisation, les enfants français sont en train de gambader, volontairement laissés à eux-même .

Je suis certainement pas la première à souligner que la classe moyenne américaine a un problème parental. Ce problème a été minutieusement diagnostiqué, critiqué et nommé : overparenting, hyperparenting, la parentalité hélicoptère, et mon préféré, le kindergarchy. Personne ne semble aimer l'implacable marche malheureuse de la parentalité américaine, surtout pas les parents eux-mêmes.

Bien sûr, les Français ont toutes sortes de services publics qui contribuent à rendre le fait d’avoir des enfants plus attrayant et moins stressant. Les parents n'ont pas à payer pour le préscolaire, ni d’inquiétude à propos de l'assurance maladie ou encore où le mettre au collège. Beaucoup ont tous les mois des allocations versées directement sur leur compte en banque, juste parce qu’ils ont des enfants.

Mais ces services publics n'expliquent pas toutes les différences. Les Français, j'ai trouvé, semblent avoir un cadre tout à fait différent pour élever des enfants. Quand j'ai demandé aux parents français comment ils enseignaient la discipline à leurs enfants, il leur a fallu un petit moment, uniquement pour comprendre ce que je voulais dire. "Ah, tu veux dire, comment nous les éduquons?" demandèrent-ils. La «Discipline», je m’en suis vite rendu compte, est une étroite notion rarement utilisée qui traite de la punition. Alors que "l’Éducation" (qui n'a rien à voir avec l'école) est quelque chose qu'ils s'imaginaient faire tout le temps.

Une des clés de cette éducation est le simple fait d'apprendre à attendre. C'est pourquoi les bébés français que je rencontre la plupart du temps font leurs nuits à partir de deux ou trois mois. Leurs parents ne se précipitent pas à la seconde où ils se mettent à pleurer, ce qui permet aux bébés d'apprendre à se rendormir. C'est aussi pourquoi les bambins français restera assis tranquillement dans un restaurant. Plutôt que de grignoter toute la journée comme les enfants américains, la plus part du temps ils doivent attendre l'heure du repas pour manger. (Les enfants français ont généralement trois repas par jour et une collation vers 4 heures)

Un samedi, j'ai visité Delphine Porcher, avocate du travail plutôt dans la mi-30aine, qui vit avec sa famille dans la banlieue Est de Paris. Quand je suis arrivée, son mari travaillait sur son ordinateur portable dans le salon, tandis que Aubane 1 an faisait un petit somme à proximité. Pauline, leur fille de 3 ans, était assise à la table de la cuisine, complètement absorbée par la pâte à cupcacke qu’elle mettait dans les petits moules. Elle résistait à la tentation de manger la pâte.

Delphine me dit qu'elle n'avait jamais prévu spécifiquement d’enseigner la patience à ses enfants. Mais les rituels quotidiens de sa famille sont un apprentissage continu dans la façon de retarder la gratification. Delphine me dit que parfois elle a achetait des bonbons à Pauline (les bonbons sont en vitrine dans la plupart des boulangeries). Mais Pauline doit attendre la collation du jour pour avoir le droit de manger ses bonbons, même si cela signifiait attendre plusieurs heures.

Quand Pauline a essayé d'interrompre notre conversation, Delphine a dit, "Attends deux minutes, ma toute petite. Je suis en train de parler." Ce qui était à la fois très poli et très ferme. J'ai été frappé par la douceur avec laquelle Delphine avait parlé et par le fait qu’elle semblait certaine que Pauline allait lui obéir. Delphine a aussi appris à ses enfants une compétence en lien avec cela : apprendre à jouer tout-seul. "La chose la plus importante est qu'il apprend à être heureux par lui même", a-t-elle dit au sujet de son fils, Aubane.

C'est un talent que les mères françaises essayent explicitement de cultiver chez leurs enfants plus que les mères américaines ne le font. Dans une étude de 2004 sur les croyances parentales des mères ayant fait des études aux États-Unis et en France, les mamans américain ont déclaré qu’encourager un enfant à jouer seul était d'une importance moyenne. Mais les mamans françaises ont considéré que c’était très important.

Plus tard, j'ai écrit Walter Mischel, expert mondial de la façon dont les enfants apprennent à retarder la gratification. Il se trouve que M. Mischel, 80 ans et professeur de psychologie à l'Université Columbia, était à Paris, séjournant dans l'appartement de sa petite amie de longue date. Il a accepté de me rencontrer pour un café.

M. Mischel est surtout célèbre pour l'élaboration du "test du Marshmallow" dans les années 1960 quand il était à Stanford. Dans ce document, un expérimentateur conduit un enfant de 4 ou 5 ans dans une salle où il y a un marshmallow sur une table. L'expérimentateur dit à l'enfant qu'il va quitter la salle pendant un petit moment, et que si l'enfant garde le marshmallow jusqu'à ce qu'il revienne, il sera récompensé par deux marshmallow. S'il le mange, il n’aura que celui-là.

La plupart des enfants ne pouvait attendre qu’environ 30 secondes. Seulement une personne sur trois a résisté pendant les 15 minutes durant lesquelles l'expérimentateur était absent. Le truc, les chercheurs l’ont constaté, c'est que les enfants patients étaient capable de se distraire.

Au milieu des années 1980, M. Mischel et ses collègues ont constaté que les enfants patients avaient une bien meilleur concentration et une meilleur capacité de raisonnement, et n’«ont pas tendance à s'effondrer face aux difficultés», comme le dit leur rapport.

Apprendre aux enfants à retarder la gratification, comme le font les parents des classes moyennes françaises, les rendrait-il plus calmes et plus résilients ? Cela expliquerait-il en partie pourquoi les enfants des classes moyennes américaines, qui ont  en général l’habitude d’obtenir ce qu'ils veulent tout de suite, s'effondrent si souvent sous la pression du stress?

M. Mischel, qui est originaire de Vienne, n'a pas effectué le test du marshmallow sur les enfants français. Mais en tant qu’observateur de longue date de la France, il dit qu'il a été frappé par la différence entre les enfants français et américains. Aux États-Unis, dit-il, «l'impression qu'on a, c'est que l'auto-contrôle est de plus en plus difficile pour les enfants."

Les parents américains veulent que leurs enfants soient patients, bien sûr. Nous encourageons nos enfants à partager, à attendre leur tour, mettre la table et à la pratique du piano. Mais la patience n'est pas une compétence que nous inculquons tout aussi assidûment que les parents français le font. Nous avons tendance à voir la patience des enfants comme une question de tempérament. À notre avis, les parents ont la chance ou pas d’avoir un enfant patient.

Les parents et les encadrants français ont du mal à croire que nous sommes tellement “laissez-faire” (ndlr : en français dans le texte) à propos de cette compétence cruciale. Quand j'ai mentionné le sujet lors d'un dîner à Paris, mon hôte français s’est lancé dans une histoire à propos de l'année où il a vécu en Californie du Sud.

Lui et sa femme avaient fait connaissance d'un couple américain et décidé de passer un week-end avec eux à Santa Barbara. C'était la première fois qu'ils rencontraient leurs enfants, dont l'âge variait de 7 à 15 ans. Des années plus tard, ils se souviennent encore comment les enfants américains interrompaient fréquemment les adultes en milieu d'une phrase. Et il n'y avait pas de repas fixes, les enfants américains allés au réfrigérateur et prenaient de la nourriture quand ils le voulaient. Pour le couple de français, il semblait que les enfants américains étaient une charge.

«Ce qui nous a frappé, et nous a dérangés, c'est que les parents ne disaient jamais 'non'", dit le mari. Les enfants faisaient «N'importe quoi» (ndlr : en français dans le texte), ajoute sa femme.

Après un moment, je fut frappé de voir que les descriptions de la plupart des Français d'enfants américains inclue cette phrase «N'importe quoi», qui signifie «tout» ou "tout ce qu'ils veulent". Cela suggère que les enfants américains n'ont pas de frontières définies, que leurs parents n'ont pas d’autorité, et que tout va à vaut l’eau. C'est l'antithèse de l'idéal français du “cadre” (En français dans le texte), dont les parents français parlent souvent. Cadre signifie que les enfants ont des limites très fermes sur certaines choses, et que les parents appliquent strictement ces limites. Mais à l'intérieur du cadre, les parents français font confiance à leurs enfants et leur laisse beaucoup de liberté et d'autonomie.

L'autorité est une des points les plus impressionnants de la parentalité française et peut-être le plus difficile à maîtriser. Beaucoup de parents français que je rencontre ont avec leurs enfants une autorité naturelle, calme que je ne peux que lui envier. Leurs enfants les écoutent réellement. Les enfants français ne sont pas constamment en train de se sauver, de répondre ou de s'engager dans des négociations prolongées.

Un dimanche matin au parc, ma voisine Frédérique me vit en train de tenter de gérer mon fils, Léo qui avait alors de 2 ans. Leo était rapide et quand je suis allé au parc avec lui, j'étais constamment en mouvement, aussi. Il semblait considérer les portes autour des aires de jeux comme une pure et simple invitation à l’évasion.

Frédérique avait récemment adopté une belle rousse 3 ans d'un orphelinat en Russie. Au moment de notre sortie, elle était une mère depuis trois mois. Pourtant, par le seul fait d'être français, elle avait déjà une vision tout à fait différente de l'autorité que moi : de ce qui était “possible” et “PAS possible” (en français).

Frédérique et moi étions assis au bord du bac à sable, essayant de discuter. Mais Leo passait son temps à se précipiter hors de la grille entourant le bac à sable. Chaque fois, je me levais pour le rattraper, le gronder, et le ramener tandis qu’il hurlait. Dans un premier temps, Frédérique a regardé ce petit manège en silence. Puis, sans aucune condescendance, elle a dit que si je courais après Leo tout le temps, nous ne pourrions pas profiter de simple plaisir de s'asseoir et bavarder pendant quelques minutes.
"C'est vrai", dis-je. "Mais qu'est-ce que je peux faire?" Frédérique dit que je devrais être plus sévère avec Leo. Dans mon esprit, passer l’après midi à courir après Leo était inévitable. Dans son esprit, ce n’était "pas possible" (en français).

J'ai fait remarquer que j'avais fait la leçon Leo durant les 20 dernières minutes. Frédérique sourit. Elle me dit que je devais rendre mon "non" plus dense et de y croire. Lorsque Leo essaya de courir vers de la porte,  la fois suivante, je dit «non» plus fortement que d'habitude. Il parti en courant quand même. Je suivi et le ramenais. "Tu vois ?" lui dis-je. "Ce n'est pas possible."

Frédérique sourit à nouveau et me dit de ne pas crier, mais plutôt de parler avec plus de conviction. J’eus peur de l’effrayer. "Ne t’inquiètes pas," dit Frédérique, me poussant dans mes retranchements.

Leo n’écouta pas la fois suivante. Mais je senti peu à peu mes «non» devenir plus convaincants. Ils n'étaient pas plus fort, mais ils étaient plus sûrs d'eux. A la quatrième tentative, lorsque je fût finalement débordante de conviction, Leo approcha de la porte, mais miraculeusement, ne l'ouvrir pas. Il se retourna et me regarda avec méfiance. J'ai élargi mes yeux et essaya de regarder d’un air désapprobateur.

Après environ 10 minutes, Leo cessa tout à fait d'essayer de partir. Il avait l'air d’avoir oublié la porte et jouait dans le bac à sable avec les autres enfants. Bientôt Frédérique et moi discutions les jambes allongées devant nous. J'étais frappée de voir que Leo me considérait soudainement comme une figure d'autorité.
"Tu vois !" dit Frédérique "C'était le ton de ta voix." Elle souligna que Léo ne semblait pas être traumatisés. A ce  moment, et peut-être pour la première fois, il ressemblait effectivement à un enfant français.

Encadré :
French Lessons
 

Les enfants doivent dire Bonjour, au revoir, merci et s’il vous plait. Cela les aide à apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des besoins et des sentiments
Quand ils se comportant mal on leur fait les gros yeux.
Il n’ont droit qu’à un seul grignotage par jour (en France en général c’est vers 4h/4h30)
Rappelez leurs (et rappelez-vous) qui est le boss. Les parents français disent “c’est moi qui décide”.
N’ayez pas peur de dire “non”. Les enfant doivent apprendre à composer avec la frustration.

mardi 8 janvier 2013

Rides et cheveux blancs, mes péchés mignons

Aujourd'hui, juste un petit mot plein de frivolité. J'avoue : je suis une fan des rides et des cheveux blancs. En général quand je dis ça, ça fait toujours un peu bizarre. Mais moi je trouve que les cheveux blancs font classes (surtout au milieu de cheveux bien foncés) et que les rides donnent du cachet.
En fait j'adore les rides d'expression, particulièrement celles de mon compagnon. Rien de tel qu'une patte d'oie au coin des yeux, d'une ride de lion ou autre.

Vous voyez ce que je veux dire ?



J'en profite pour citer mes sources : cette photo vient de ce blog, Style from Tokyo, que je viens de découvrir et que j'aime beaucoup. Hop, une adresse de plus dans mes favoris.

Et suite à la remarque de Virginie, voici une photo d'Emmanuelle Riva. Graouuuuuuuu !



jeudi 3 janvier 2013

Former une équipe au lieu de lire des notices

Voilà un poste que je n'aurais jamais imaginé écrire il y a 7 ans.

Mais avant tout je vous conseille la lecture de cet article, qui se contente de raconter une histoire sur la pilule.

Ce noël que Sophie 21 ans a failli ne jamais fêter.

Mon histoire :

Il y a 7 ans j'allais chez le médecin de temps en temps pour mes allergies, une angine, une petite question sur mon poids (parfait à l'époque). Mon médecin représentait pour moi la même chose qu'un cordonnier habile, une secrétaire d'université accommodante etc... Il était là pour des petits soucis techniques basiques, me signer le bon papier et puis basta. Je l’appréciais et c'est tout.

Et il y a 7 ans j'ai rencontré mon compagnon (malgré notre mariage, je reste attachée à ce terme) porteur d'une malade orpheline (moins de 1000 cas en France je crois).
Je suis alors rentrée dans le monde des médecins. Au départ cela n'a eu aucune incidence, je n'ai rien remarqué sinon qu'en général nous en savions plus sur sa maladie que les médecins souvent incapables de prononcer son nom. Il a fallu vivre avec quelques questions sans réponses (toujours difficile pour moi pour qui "savoir c'est pouvoir"). Mais bon on avait le temps, on s'en moquait.

Et puis un soir, la douleur est arrivée, la fièvre, l'inquiétude, les urgences. J'étais persuadée que cela avait un rapport avec sa maladie. Mais la jeune interne nous a renvoyé à la maison avec rien d'autre que "une petite infection de la peau" et un médicament, avec un rassurant "consultez dans 3 jours si ça ne va pas mieux".
Mon compagnon avait 40° de fièvre vomissait de douleur et n'était pas toujours conscient. Alors j'ai décidé de me remuer, de rameuter ceux que je connaissais, de chercher ceux qui pouvaient confirmer ou infirmer mon intuition. J'ai fini par trouver et il s'est avéré que mon mari avait un infection extrêmement grave qui était en train de dégénérer en septicémie et que nous avions que quelques heures pour agir. Il a été soigné et s'en est sorti sans séquelles. Le diagnostique a été posé par téléphone par quelqu'un qui ne voyait pas le patient mais qui a su simplement m'écouter.

Et moi j'ai appris qu'il ne faut pas toujours écouter un médecin et que ça peut vous sauver la vie.


Par la suite c'est ma santé qui s'est dégradée par petites touches. Mais rien de grave selon le médecin car tout rentrait dans l'ordre.

Puis mon fils est né et ce fût une boucherie. Mais chaque pédiatre, gynécologue, médecin y allait de son commentaire "heureusement que vous étiez dans cet hôpital, là-bas ils réaniment vite est bien.", "vous savez c'est très fréquent", " les réactions de votre corps sont normales elles correspondent à celles qu'on peut constater chez les victimes de viol". J'ai appris qu'on pouvait être diplômé du même endroit, avoir fait les même études et dire des choses totalement opposées. Et que j'allais devoir faire mon tri.

Ma santé continuait à se dégrader. J'étais méconnaissable, j'avais pris 9 kg en 3 mois (20kg sur 7 ans), je pouvais dormir 12h par nuit + 3 heures de sieste et être épuisée, alterner les bouffées de chaleurs et bien d'autre symptômes plus gênants... Et quand je demandais de l'aide, on me prescrivait des examens et... rien. On m'a même dit "je ne vais pas vous envoyer voir un endocrinologue, vous le dérangeriez pour rien".

J'ai fini par taper du poing sur la table. Et j'ai trouvé une personne à mon écoute... qui m'a envoyée voir le fameux spécialiste trouvant qu'un deuxième avis dans un domaine qui n'était pas le sien ne serait pas perdu. Et ce dernier m'a immédiatement demandé "mais pourquoi n'êtes vous pas venue plus tôt ?".

La médecine a pris une grosse place dans ma vie, une place que je n'aurais pas imaginée il y a 7 ans. Peut être que c'est ça de vieillir. En tout cas je sais maintenant qu'un bon carnet d'adresse peut sauver/changer une vie. Je sais qu'une équipe à l'écoute et compétente lors d'un moment difficile peut changer la donne aussi bien physiquement que psychologiquement (encore merci à Necker, au passage !).
J'ai surtout appris qu'un médecin a peut être fait des années de médecine mais que je vis avec mon corps depuis 30 ans et le connait comme personne et qu'il est fondamentale de suivre mon intuition. Je sais que beaucoup m'ont cru hypocondriaque mais je sais aussi qu'une toute petite pilule (le lévothyroxe pour ne pas la nommer) a changé la donne et m'a donné raison.

Malheureusement cela reste un parcours du combattant.

Ce parcours, certains le perdent. Mon grand-père est décédé trois jours après être sorti de l’hôpital. Il ne mangeait plus, ne marchait, plus ne pouvait plus s'assoir, ni boire un verre d'eau. Mais ses résultats était bons. Mon grand père est donc mort en bonne santé. Cela faisait trois mois que nous tirions la sonnette d'alarme. On alternait les moments de doute ("est-il gravement malade ?" "Se moque-t-il de nous ?" "Est-ce psychologique ?" "Les médecins nous cachent-ils quelque chose ?"...), lui même était terrifié. Ma grand-mère se pose toujours des questions et se demande encore si il a "lâché l'affaire" ou si il a juste trouvé plus fort que lui et si elle n'aurait pas pu faire mieux.

Pour rire un peu :

Il y a aussi le versant rigolo de ces pratiques. Je n'oublierai JAMAIS ce jeune étudiant en médecine voulant faire le fier, qui m'a fait tout un cours/sermon sur mon supposé diabète de grossesse et qui s'est avéré incapable de poser un monitoring ni même de repérer ou était la tête et le dos de mon bébé de 4kg. J'ai eu la charité de ne pas le faire à sa place (à 9 mois de grossesse je maîtrisais pas trop mal le truc sur mon propre corps avec mon propre bébé), car je ne voulais pas trop l'humilier. En réalité j'aurais peut être du. En tout cas ce souvenir me redonne toujours le sourire quand l'attente est trop longue en salle d'attente.

Ou encore cette visite chez le pédiatre :
- Il a quoi ?
- Je ne sais pas mais ça va pas.
- Température ?
- 37.5°
- Il mange ?
- Que du sucré depuis trois jours, mais il descend.
- Il dort ?
- Pas moins que d'habitude.
- Symptômes ?
- Ben il tousse. Rarement mais à chaque fois il a un peu de mal à trouver de l'air. Rien de vraiment inquiétant. Les yeux coulent un peu mais seulement depuis une heure. Bref je sais vraiment pas mais je sens que ça ne va pas.
*moue dubitative.
/ausculte mon fils
-bon ben double otite dont une purulente à droite, laryngite purulente, bronchite asmathiforme, et ah oui j'oubliais il y a aussi une conjonctivite purulente. Vous avez finalement bien fait de venir.

Mes conclusions et mon avis sur cette fameuse pilule :

Pourquoi raconter tout cela ? Parce que c'est important d'avoir l'envers du décors. Il y a plus de patients que de médecins alors intéressons nous à ce qu'ils vivent. Mourir quand on est une personne âgée est une chose. Mourir en bonne santé en laissant une trainée de questions, en est une autre. Oui la manière de faire compte et c'est justement cette manière qui devrait être à la base et dont on ne parle malheureusement jamais.

Alors aujourd'hui face à ce débat sur les pilules 3ème et 4ème génération, je pense que l'on se trompe. Le problème n'est pas d'informer ni de limiter encore moins d’interdire. Le problème c'est avant tout d'écouter. Et de ne pas laisser repartir une jeune fille à qui on a demandé 30 flexions et qui est incapable de les exécuter. En effet si on demande un examens ce n'est pas pour nier ses résultats.
Il faut donc écouter les corps et écouter les patients. Combien de cours en école d'infi. ou en fac de médecine sont consacrés à l'écoute ? Lorsqu'on apprend à poser un diagnostique y a-t-il un chapitre sur la parole du patient ? Et si oui c’est combien de % dans l'établissement du diagnostique final ?

Le problème n'est pas la pilule en elle même, car comme tout médicament elle comporte des risques, et globalement on le sait toutes. Le problème c'est la manière dont est recueilli la parole du patient et le dialogue qui s’établit avec lui. Le médecin a une connaissance générale et le patient une connaissance particulière. A eux deux ils doivent former une équipe, car se battre contre les médecins est aussi épuisant qu'être malade et laisse autant de traces. J'y ai personnellement perdu pas mal de plumes.

Mais pourquoi personne, dans ce débat, n'a-t-il rappelé que ces jeunes filles sont mortes (ou ont failli l'être) de ne pas avoir été écoutées ?


Sur ce je vous souhaite une année 2013 sans médecin. Car de bons médecins c'est bien mais sans médecin c'est mieux ;-)

Avant tout...

Bonnes fêtes et bonne année à tous (oui, moi j'aime que les fêtes ne se finissent pas le 1er janvier à 10h).

Plein de bonnes choses et surtout bonne santé.