samedi 6 avril 2013

ARTE, je te HAIS ! L'espace pub côté annonceur

Dans une vie que je n'espère pas tout à fait révolue, j'ai été chargée de communication. Puisqu'on est sur un blog je vais passer à la confesse, OUI j'ai acheté des espaces pub internet. J'en ai même créé.

Bon rassurez-vous, je doute que vous ayez vu mes splendides créas. Mais j'avoue que je me suis éclatée :
- faire de la veille (aka sillonner le net pour trouver le top 10 des sites qui traitent de mon sujet et les contacter pour avoir leurs prix, faire de la lèche à leurs commerciaux etc...),
- tester leurs espaces ( aka passer ma sourie partout pour tester tous les petits bruits, les petits mouvement etc..., étudier les stats),
- mettre au point mes outils (aka renouer avec photoshop que j'aime d'amour, me dire "jaune... non bleu !", faire admirer le résultat à tout l'open space et à mon boss adoré)
- envoyer le tout aux sites concernés (aka faire passer le pilule sur le fait que j'ai trois jours de retard)
- et faire de magnifiques copies d'écrans, bilans etc...

Mmmmmmmmmm c'était bon. A l'époque les formats étaient un peu moins développés et quand je repense à mon examen de sortie d'école de commerce (sujet : les format pub internet et leurs stratégies) je rigole doucement en pensant aux réponses limitées de l'époque. C'était le bon temps... Maintenant si je venais à rempiler je risquerais tout simplement ma vie (j'aime vivre dangereusement).

Car là, en cet instant, maintenant, tout de suite, si le chef de projet responsable de la campagne de comm' de Real Humans pour Arte était devant moi je l'étranglerais de mes propres mains.

Pourtant j'aime Arte. C'est une chaîne que je regarde régulièrement et avec plaisir. Mais l'autre jour, une campagne de pub a tout simplement rayé tout le capital sympathie que j’ai pour Arte.

Tout à commencé sur le site du Monde. Depuis la naissance du gnome, histoire de m'astreindre à quelques exercices neuronaux, je lis quotidiennement Le Monde, Libération et Le Figaro sur le net. Je suis toujours le même rituel : je lis toute la page d’accueil et j'ouvre dans un onglet différent tous les articles qui attirent mon attention. En général j'ai ainsi une bonne dizaine d'onglets ouverts en plus de ma boite mail et de facebook. Oui je sais la dispersion c'est mal.
L'autre jour j'essayais de décider quel article j'allais lire en premier (parce que oui je ne les lis pas dans l'ordre d'ouverture...) quand j'ai été sauvagement agressée par un bruit qui sortait de mes enceintes. De la musique, des bruitages... par moments ça s'arrêtait et par moment ça reprenait. Il y avait aussi des bouts de dialogues mais j'étais totalement incapable d'identifier ni le but ni l'origine. Évidement dans la quinzaine de pages ouvertes, il y a évidemment des vidéos (certains articles sont sous forme de vidéo). Ces vidéos ont bien sûr des pubs auparavant, mais attention, pas toutes ! Je me mets donc à faire toutes les vidéos pour voir laquelle s'est mise en route, voyant qu'aucune n'est en mode lecture, je passe aux bandeaux publicitaires en me disant que peut être que le bruit à un lien avec mes mouvements de sourie (certains bandeaux se mettent en route quand on passe dessus ou quand on les quitte). N'ayant toujours pas découvert la source de mon problème je ferme toutes les pages, une à une, perdant tout mon "travail" de sélection. Je vérifie au passage que je n'ai pas de deuxième fenêtre ouverte, comme cela arrive souvent avec certains sites commerciaux. Il me reste ma boite mail (dont je suis à peut prêt sure) et la page d’accueil du Monde. Je me fais alors tous les recoins de la page du Monde pour trouver LA source du schmilblick et le désactiver. Et je fini par trouver !

Je vous dis ? Ou je vous dis pas ? Oh aller je suis gentille... Sur la page d’accueil du Monde vous avec le bandeau en haut, parfois un bandeau rétractable, ensuite un carré sur le côté gauche et si vous descendez vous en avez un deuxième toujours sur le côté gauche. En général vous avez également un deuxième bandeau rétractable. Si vous n'avez vraiment pas de chance vous avez un habillage totale qui comprend aussi les côté de la page d’accueil (colonne). Vous avez de la chance je vous épargne les partenaires et les liens sponsorisés.

Alors vous pariez sur quoi ? Et bien sur le deuxième carré. Oui oui oui, le carré que vous ne voyez que si vous descendez la page. Le truc que je n'aurais JAMAIS vu sinon. Et là je cherche misérablement le petit haut parleur qui me permet de couper le son. Hem...

A ce stade j'ai juste des envies de meurtre. Alors oui, j'aurais pu éteindre mes enceintes. Si j'avais été un peu plus vive. Dans le cas de figure n°1 je déteste Arte dans le cas de figure n°2 je loupe son message pub. Mais quel est donc l’intérêt de ce format ??? Quand on connait le prix d'un espace pub sur Le Monde.fr...

Je n'ai jamais travaillé dans de grands groupes ni de grandes agences. Quand j'ai travaillé avec eux on m'a laissé faire ce que je voulais. Je ne connais donc pas la stratégie qui pousse Arte à acheter ce type de format. Ce que je sais en revanche c'est qu'au seins des petites entreprises et des équipes de comm' le but c'est de se démarquer et de faire le plus original possible. Je me souviens ainsi d'un chef de produit d'une multinational qui m'a proposé les yeux dans les yeux de monter un stand de barbe à papa sur un salon professionnel. Inconvénients : 0 Avantage : euuuuuuuuuuh... Dans la tête j'avais quand même un gros "logiciel (que je représentais) + barbe à papa = WTF ????!!!". Et je voyais mal mes potentiels acheteurs en costard cravate manger de la barbe à papa qui colle partout.
Nous, communicants, ne sommes que de grand enfants. On nous propose de balancer une voiture d'un porte avion nous répondons "YOUPIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !" nous battons des mains et nous nous empressons d'accepter. On nous propose un format publicitaire qui fait plein de bruit et on dit "youpiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii".



Et quand on nous propose de faire des vidéo on se dit "chouette ! Encore plus de faciliter pour exposer un message".

Sauf qu'on ne voit jamais nos message en tant que consommateur. Quand on va voir nos vidéo, bandeau etc... c'est pour vérifier qu'ils sont bien en place, que ça fonctionne bien etc... On vérifier les temps de passage, la fréquence et cie.

Sauf que parfois les situations stupides, énervantes, deviennent un peu "dramatiques". Je prends l'exemple très concret des vidéos qui apparaissent avant une vidéo sur You Tube. Très souvent ces vidéo sont en complet décalage avec la vidéo recherchée. Or avoir une pub pour une lessive avant un clip c'est casse-bonbon mais avoir une pub pour une voiture de luxe ventant la securité et le raffinement juste avant un reportage sur un immeuble qui s'effondre faisant 39 morts dans un quartier populaire prêt de Bombay, ça met mal à l'aise.  Il arrive le moment où le malaise devient encore plus personnel. Par exemple la semaine dernière je me suis faite harcelée par Clearblue. J'aurais été stérile, je pense que j'aurais très très moyennement apprécié. Et enfin, la flêche de Parthe c'est la vidéo post-vidéo. On vient de regarder un reportage bouleversant sur l'excision on est en train de reprendre nos esprits et Pouf ! une nouvelle vidéo se remets en marche avec une pub pour Lady Million de Paco Rabanne.

Si, si, cette merveilleuse pub qui m'énerve chaque fois que je la vois :



Allo ciné est spécialiste de ce genre de chose : proposer des bandes-annonces juste après le visionnage d'une bande annonce qui n'a rien à voir.


Dans les petites entreprises le "bling" est roi. On fait parce qu'il faut faire. Parce que c'est fun et ça fait bien. On veut montrer qu'on a des moyens, jouer dans la cours des grands. Sauf que ça n'a parfois aucun sens.

Bref vous allez dire que j'enfonce des portes ouvertes, mais la question du sens est primordiale pour moi et devrait être centrale dans la communication. On ne fait pas un site internet "parce qu'il faut" mais parce qu'on a des choses à dire dessus.De même qu'on choisi un espace pub parce qu'il a du sens et correspond à ce qu'on a à dire.


Un exemple de communication "fun" et réussie ? Allez je vais réhabiliter Arte. Ceci :


En résumé : Arte fait une série sur le monde des séminaires ayant pour but de montrer que c'est un monde complexe, que la foi peut venir chez n'importe qui, de bien des manières. La série s'intéresse donc au nouvelles vocations (donc plutôt des jeunes) et veux dépoussiérer l'image du séminaire. Le but de la campagne est la viralité (l'adresse qu'on se passe de mails en mails) ce qui va parfaitement bien avec le média (internet). De plus internet est un média "jeune" qui colle donc parfaitement à la fois aux personnages et à la fois à la volonté de "dépoussiérage" du sujet. Au delà de ça, Ainsi soient-ils est typiquement une série susceptible de rajeunir le public d'Arte, jeunes qui sont les utilisateurs n°1 d'internet. La boucle est bouclée. Non seulement la campagne à du sens, mais elle coute pas trop cher, est efficace (je me suis faite eu et j'ai partagée) et on est content de la re-regarder. Bref se mettre dans la peau de sa "cible" ça paye. CQFD.

dimanche 24 février 2013

Papa et maman sont sur une grue, bébé tombe à l'eau...

Je vais encore parler des hommes et des femmes. Ça devient récurent et ça m'attriste un peu car ce n'est pas l'objet de ce blog. Pour changer je parlerai ensuite de foot et de nationalité.

Parce que OUI j'ai hâte de voir Beckham au PSG et que j'ai même osé suggérer à ma moitié d'acheter deux billet pour le PSG / OM qui va avoir lieu prochainement. Au passage si il y a des intéressés pour venir avec moi... Je n'ai jamais vu de match de quoi que ce soit en stade mais j'ai le sentiment que c'est un peu tristoune seule. Alors si une bonne âme veut m'accompagner qu'elle se manifeste. En même temps je réalise qu'il est un peu tard. Je n'avais qu' à publier plus vite.


 "Focused" on a dit...


Bon aparte fini.

Je vais donc revenir sur le psychodrame journalistique de la semaine dernière. Je trouve souvent que les journalistes fonctionnent au psychodrame oubliant que parfois ce sont de vrais drames qui se jouent derrière. A ce sujet je vous conseille les archives de carte d'électeurs un bijou de journalisme diffusé pendant la dernière campagne présidentielle. Ça parait si loin. Il y a un an maintenant, Sarkozy entrait en campagne.

Bon je reviens à mes moutons.



Oui je suis d’humeur digressive aujourd'hui...


C'est pas un peu bientôt fini, oui, les digressions ? 


Je vais donc parler des grues et des papas qui sont montés dessus. J'en parlerai avec une triple casquette : en tant qu'enfant j'ai vécu deux divorces et je suis maintenant maman et en couple.J'ai moi même songé au divorce.

Je dois dire que dans un premier temps, ma toute première réaction est de soutenir ce mouvement. En effet si on réclame l'égalité homme/femme on doit la réclamer à TOUS les niveaux. C'est pourquoi je milite POUR le congé paternité obligatoire (sinon 60% ne le prendront pas et pour les 40% ce sera l'objet d'infini négo avec leur boss) de trois mois et demi (à égalité avec celui de la mère).  Et plutôt deux fois qu'une ! Si on veut plus de femmes au travail alors il faut plus d'hommes à la maison. Plus sérieusement ( pour le congé paternité je suis sérieuse, pas pour la phrase qui suit) je pense qu'il faut décloisonner les rôles. Et je pense également qu'enfants comme parents (et par parents j'entends père ET mère) ont besoin de temps pour inventer leurs rôles et s'apprivoiser. Et n'oubliez pas de voter pour moi et de me faire un chèque pour le financement de ma campagne à la sortie. ;-)

Je pense donc que quand un papa veut s'occuper de son enfant il faut applaudir des deux mains et lui faciliter la tache.

Papa 1 / Maman 0

Mais dans la vie les choses ne sont pas noires ou blanches. Ainsi une juge expliquait que lors des audiences pour définir les mode de garde elle pose un certains nombres de questions pour tâter le terrain. Par exemple "on est dimanche soir 19h est votre enfant à 39°. Vous avez une solution pour le garder le lendemain matin ?" Les mamans ont 3 ou 4 solutions les papa oscillent entre le "heuuuuuuu..." et le "J'appelle ma mère ?". Un tout petit exemple : combien de papas ont le numéro du pédiatre dans leur téléphone (et si je suis un peu sadique, je peux dire "dans la liste des favoris") ?

Alors je suis bien d'accord qu'être parent ne se résume pas à avoir ou pas un numéro dans son répertoire. Mais peut être est-ce un peu symptomatique. Pour y réfléchir, je propose de nous pencher sur ces quelques chiffres/rapports : Observatoires des inégalités.
Selon l'INSEE au sein d'un couple une femme consacrerait deux fois plus de temps au soin des enfants que son compagnon.

Après tout où est l'inégalité, maman comme papa travaillent, non ? 
L'inégalité se trouve peut être sur la fiche de paye à la fin du mois, ou dans les promotions que maman n'aura pas eu.


Alors oui un réflexe bête et méchant donne parfois envie de dire, "si je suis assez bonne pour m'en occuper deux fois plus que toi en temps normal, alors je dois être assez bonne pour les voir deux fois plus en cas de divorce", chacun récoltant les bénéfices de ses choix (en imaginant que la garde principale est un bénéfice, mais ça c'est un autre débat). Un autre réflexe tout aussi bête et méchant donne envie de dire "pourquoi le confier à sa mère ? Parceque ça fait plusieurs années qu'elle peaufine le mode d'emploi, tandis que le père en est encore à chercher le bouton ON".

Maman 1 /  Papa 1 (je rappelle que maman joue à domicile ;-)) (Femme au foyer , maman à domicile, humour... enfin "tentative d'humour").

On peut également parler de ces papas toxiques. Non pas que les mamans toxiques n’existent pas (loin de là). Mais si un papa empêche son enfant de voir sa mère pendant 3 semaines, puis deux mois et ensuite monte sur une grue s’estimant martyrisé, on aura du mal à le suivre. Je pense aussi à ce papa qui réclame à corps et à cri sa petite fille au tribunal, qui harcèle son ex-femme de mails et de sms, mais qui n'est pas venu une seule fois à l’hôpital le jour où cette tout petite d'à peine un an s'est faite opérée d'une malformation grave et a subi plusieurs heures d'opération. Ces parents veulent voir leurs actions dans un situation globale, ils s'inscrivent dans une histoire, une guerre, mais ils en oublient leur comportement personnel. C'est certes une famille et une histoire qui sont évoquées devant les tribunaux, mais aussi des personnalités et des comportements. Le nez dans le guidon bien des parents ne voit plus du tout leurs actes de manière objective.

Pour illustrer ce que je viens de dire penchons nous sur la parole d'un papa tirée de l'appel à témoignage du Monde : "J'étais alors père au foyer, les enfants voulaient vivre avec moi et c'est mon ex-épouse qui m'avait trompé et détruit notre famille.". Ce serait logique d'accorder la garde à un papa qui était père au foyer (et chez qui les enfants veulent résider), mais que vient faire ici le fait que l'ex-épouse a trompé son mari ? En quoi est-ce que cela regarde les enfants et leur garde ? Le fait même de faire un lien entre les deux me gène et me choque. J'en arrive à me demander si ce papa n'inclue pas la garde de ses enfants au milieu d'une guerre conjugale déclenchée par la tromperie de sa femme.

Coup de sifflet de l'arbitre.

Mi-temps.

Vestiaires.

Spot publicitaire : Le papa de mon enfant, c'est le meilleur. Sauf quand il oublie systématiquement de me laisser sa carte vital pour aller chez le pédiatre avec le gnome. Mais en dehors de ça, c'est le meilleur.

Revenons à notre match puisque c'est bien d'un match qu'il s'agit. Qui n' a jamais vécu de divorce, n'imagine pas la violence qui se déchaine à ce moment là. Même dans une séparation harmonieuse (et je pense que celle de mes parents, la première que j'ai vécue, en fait plutôt partie) on se retrouve à faire des choses et à dire des choses qu'on n'imaginait pas. Voilà pourquoi je pense que baliser le terrain avant et l'encadrer par la loi n'est pas une mauvaise idée. Voilà pourquoi je suis fondamentalement contre ce genre de déclaration :  "Je milite pour qu'un magistrat n'ait plus à traiter du temps libre d'un enfant ni de pension alimentaire. En quoi le partage du temps libre d'un enfant et le coût de son éducation doivent-ils dépendre de la loi ?" (lien Le Monde ci dessus).




Oui au départ on est plein de bons sentiments,  on déclare comme ce père : "Si la résidence principale de mes enfants avait été fixé à mon domicile, mes enfants auraient pu rencontrer leur mère autant qu'ils l'auraient souhaité." (lien Le Monde, toujours). Attendez, monsieur, que votre femme vous accuse d'avoir couché à droite à gauche, de manipuler vos enfants, voir même de les tripoter (exemples piochés au hasard) ? Aurez-vous le même discours ? J'en doute. Vous la déclarerez irresponsable, agressive et dangereuse pour vos petits. Vous ne voudrez plus qu'ils la voient Et vous ne vous en serez même pas rendu compte. Pour avoir été l'enfant au milieu je peux vous le garantir. Même dans les séparations harmonieuses (quel oxymore, cette expression !), il y a le petit mot de trop qui donne envie de faire payer, petit mot d'ailleurs souvent relayé innocemment par l'enfant au milieu.

Maman 1 / Papa 1 / Juge 1 (et oui parfois le sport tourne au ménage à trois)

Autre chose je n'en peux plus des insinuation à deux euros cinquante sur les juges. On parle de la perte de respect du métier de professeur mais les juges sont largement plus victimes de cette tendance là. Voilà maintenant que les hommes crient à la discrimination quand les JAF sont des femmes. Une femme crie-t-elle à la discrimination quand un chargé de recrutement est un homme ? Ces hommes là ne se décrédibilisent-ils pas totalement en sous entendant qu'il y a une conspiration internationale pour empêcher les pères de voir leurs enfants ? C'est bien connu, les femmes ne pensent qu'avec leurs ovaires.

Reprenons le fil de notre match.

Alors oui certains pères ne sont pas au point le jour de leur divorce. Oui ils ont aussi parfois tendance à confondre garde des enfants et vengeance (tout autant que les mères). Oui les mamans ont souvent consenti beaucoup de sacrifices pour rester auprès de leurs petits choux. Mais justement le divorce est aussi parfois l'occasion pour certains pères de devenir père, de prendre une place à laquelle ils n'auraient jamais eu accès sinon. Les mères n'ont pas plus le gène de la couche culotte que les pères (voir pour cela le livre d’Élisabeth Badinter, au titre magnifique, L'amour en plus). Nombreux sont ces pères qui "reçoivent la responsabilité [d'un enfant] et endossent ce manteaux parce qu'ils le doivent, puis s’aperçoivent à leur grande surprise, qu'ils le portent très bien" (Harry Potter détourné ;-)).
Pour de nombreuses raisons très personnelles donner un père à mon enfant était l’enjeu numéro un pour moi et je veux parler d'un père véritablement présent, avec ses qualités et ses défauts. Dans un sens, le hasard a joué pour moi. Durant les première semaines de vie de mon enfant j'ai été physiquement incapable de m'en occuper comme je l'aurais voulu, de même que son père l'a vu avant moi. Cela a donné à son père une place qu'il aurait peut être mis plus de temps à avoir. Une chose est sure, leur lien en a été incroyablement renforcé. Les pères qui se retrouvent au pied du mur assurent souvent bien mieux qu'ils ne l'auraient imaginé (merci la propagande sur les gènes maternels !). Avec mon mari , non seulement aucune couche n'a débordé, aucun réveil n'a été loupé, le frigo a toujours été rempli et notre fils a toujours été impeccablement propre, mais ce tout-petit lui a également offert son premier sourire, ses yeux qui brillent etc...
Ce qui est important ce n'est pas ce qui nous arrive mais ce que nous en faisons. L'important n'est pas de divorcer mais de saisir cette opportunité pour que chacun puisse jouer son rôle. Redistribuer les cartes en quelque sorte.

Papa 2 / Maman 1

OK. Mais redistribuer les cartes signifie-t-il faire du 50/50 ?

Disons que ce qui me choque dans ce match c'est... que c'est un match. On ne parle pas ici de se partager l'argent du compte commun. Derrière les chiffres (50% des vacances, 2 week-end par mois) se cache une personne (ou des personnes), du genre de celles qui ont le moins la possibilité de se défendre ou de s'exprimer.
Un jour mon compagnon m'a dit "ooooooh j'imagine que petite tu as du jouer du divorce de tes parents pour avoir ce que tu voulais. Tous les enfants de divorcés font ça !".



Je crois que j'aurais pu lui arracher les yeux. J'ai essayé de comprendre pourquoi ces mots me semblaient si violents. Je pense que c'est justement parce que quand on est enfant de divorcés on a l'impression de devenir objet alors que grandir c'est devenir sujet. Quand on est enfant du divorce, on s'écrase.

D'ailleurs voici un petit témoignage tiré du blog de l'excellent Maître Mô
J'y vois quelques failles et quelques maladresses (je vous garantis qu'une petite fille de 10 ans voit très bien ce que la mère reproche au père), mais globalement, la vision est très juste.

"Maman dit que c’est du grand n’importe quoi. Inès fait bien attention de ne rien oublier quand elle repart chaque vendredi pour ne pas que sa mère dise encore : "Tu vois c’est n’importe quoi, c’est comme ton père qui t’a inscrite au judo sans rien me dire." "Mais maman, les inscriptions c’était sur une semaine, il fallait bien que quelqu’un le fasse"
Parfois, elle oublie quand même ses lunettes ou son cahier de lecture.
Maman ne veut plus qu’Inès amène son chien chez son père ou que Laura prenne sa harpe à  chaque fois. Papa a dû en acheter une pour chez lui. Maman a décidé que les filles ont des habits pour chez maman et des habits pour chez papa. Elle dit que c’est plus simple, mais du coup son beau pull violet, Inès ne peut le mettre que chez son papa. Mais elle ne dit surtout rien, sinon peut-être que la juge va décider qu’il faut tout arrêter".

Voilà la vie du 50/50. Joie.

Être enfant du divorce c'est marcher sur des œufs, ne pas oublier ses affaire, surveiller ses paroles et surtout ne jamais exprimer aucun souhait qui pourrait laisser croire qu'on prend parti. Parce que quand on est un enfant du divorce et qu'on prend parti c'est qu'on en est arrivé au bout de quelque chose avec l'un de ses parents et  que l'on sait que la relation va être très difficile ensuite mais que c'est tellement plus vivable qu'il faut agir.

Le 50/50 de la garde alternée ça veut aussi dire que rien ne nous appartient vraiment. Parce qu'il y a la harpe de chez papa et la harpe de chez maman mais jamais NOTRE harpe. Le 50/50 de la garde alternée ça veut dire que le jour où on aura enfin une maison, un chez-soit, ce sera le jour où on partira de chez ses parents. J'ai mis du temps à voir mon trousseau de clef si léger et ça m'a fait longtemps bizarre de dire "la clef de chez moi".


Bien sûr il y a aussi des avantages : chaque parents est tellement content de voir son enfant que pas une seule seconde n'est perdue. Pas de temps mort dans les vacances des enfants du divorce ! On en fait deux fois plus et on en voit deux fois plus. La vie est deux fois plus riche.

 
Il n'empêche... le prix reste élevé.

Je pense qu'on ne devrait pas imposer le 50/50 sous des prétextes féministes (ou masculiniste) ou parce que c'est le seul moyen que des parents s'entendent. Hey les parents, de toute façon vous divorcez, alors n'essayez même pas de vous entendre car de toute façon vous allez vous disputer, pour trois fois rien la plus part du temps ! Alors vous allez parler de votre lien avec votre enfant de (vrais) sanglots dans la voix. Mais vous êtes vous seulement demandé quel allait être sa qualité de vie ?

Voilà pourquoi je ne soutiens finalement pas les papas des grues. Ni leur ex. Je soutiens leurs enfants, en leur disant qu'ils vont avoir une vie à la fois plus dure et plus belle. Je leur dis que c'est à eux d'en tirer le meilleur. Et je leur envoie tout mon courage.

A tous, divorcés, mariés, parents, enfants, célibataires je conseille la lecture de ce livre pour enfants cette bible : Le jeu des sept familles de la bien-nommée Anne Fine . (le résumé du livre est pourri)
Pas une seule semaine ne se passe sans que je ne pense à ce livre et aux quelques leçons de vie qu'il livre, au delà de la question de la famille.

mercredi 23 janvier 2013

La réforme

Il est un lieu commun qui veut que la France soit un pays totalement irréformable. C'est bien connu la moindre réforme pousse tous les Français dans la rue.

Je suis la première à dire que les syndicats français sont une catastrophe dans la mesure où les deux tiers de leurs grèves sont incompréhensibles, soit par manque de pédagogie, soit parce que les mouvements sociaux sont trop nombreux et donc inefficaces. A se mobiliser sur tout, il n'y a aucune hiérarchie et donc aucune efficacité. Pour donner un exemple, si on fait grève sur la diminution du nombre de rouleaux de papier toilette on a du mal à être pris au sérieux quand on fait grève, au hasard, sur les changements de rythme scolaire.

Au delà de l'aspect communication (communication autours de la réforme tout autant que la communication autours de la grève) quelle est la réalité ? La France est-elle aussi irréformable que cela ou les réformes ne font-elles pas parfois preuve d'amateurisme ? En gros, est-ce le pays ou ses dirigeants qui sont en cause ?

Je me pose la question à l'occasion de la réforme des rythmes scolaire. Le soucis est que la réforme étant tellement floue et tellement aléatoire dans son application, personne ne sait réellement ce qu'elle va donner. Tout d'abord il semble que l'aménagement ne soit pas le même à Paris et en Province, voir qu'il change en fonction des communes. Ensuite certaines communes vont demander des dérogations, le temps de s'équiper et de former les personnel adéquate. Le ministre lui-même espère que 50% des communes appliqueront sa réforme en septembre 2013. Le temps que 100% des communes française appliquent cette réforme le rythme scolaire aura déjà changé...

Bref au delà de l'acceptation de la réforme il y a son application qui se révèle plus qu'aléatoire.

Pour illustrer mon propos, je vais rester dans l'éducation nationale et prendre deux réformes qui ont été mises en place au moment de la seconde guerre mondiale. Peu de gens le savent, mais le carnet de correspondance et les réunions d'information parents-professeurs ont été mise en place sous l'occupation (circulaire de juillet 1940).
Personne ici ne viendra contester que c'est une bonne réforme. Dans l'absolue l'idée est simple et efficace.
Dans la réalité, c'est autre chose...

Cette circulaire est restée lettre morte dans la zone occupée pour la simple et bonne raison que le droit de réunion avait été supprimé par l'occupant nazi (donc pas de réunion d'information) et que le papier était rationné (donc pas de carnet de correspondance). En zone "libre" ces circulaires n'ont été beaucoup plus appliquées pour des raison assez similaires.

Nous avons donc l'exemple parfait d'une réforme simple, qui semble de bon sens mais totalement inapplicable, ou au mieux applicable au cas par cas, rompant aussi la sacro-sainte égalité française.
Dans la France d'aujourd'hui, il y aurait eu 5 jours de grève 3 grosses manifestations contre une réforme inadaptée et suivie d'aucun effet.







Ainsi donc la France manque-t-elle peut être tout simplement de bonnes copies ministérielles (même si elle manque aussi probablement de volonté réformatrice).


Concernant ma position sur le rythme scolaire, la voici : Entretien avec François Testu.

mardi 22 janvier 2013

La caricature et la blessure.

Au sujet de ce poste je vais marcher sur des œufs. Le temps a passé, tout le monde s'est (un peu) calmé. Néanmoins le sujet reste sensible et comme je vais faire moi-même des généralisations, il n'est pas impossible que je tombe dans la caricature. Je m'en excuse par avance.

Je voudrais revenir sur l'affaire des caricatures version 2012. Je mets ici deux tribunes relativement symptomatiques du climat et des opinions de l'époque.

Raphaël Enthoven dans l'Express

Christian Makarian (toujours dans l'Express)

Ce poste n'essaiera pas de savoir si il est bien ou mal, dans un contexte tendu, d'aviver les tensions en caricaturant une croyance. Le point sur lequel je veux revenir, c'est "comment notre société a traité la question". Et surtout "s'est-elle posé les bonnes questions ?".

Ce qui me frappe c'est que les réactions et les débats n'ont eu lieu que sur un seul terrain, celui de l'idéologie et de la philosophie. D'ailleurs sur les deux articles mis en lien ci-dessus, l'un est signé par un philosophe. Comme si ce débat se déroulait dans l'éther, en dehors des contingences sociales et du pays matériel dans lequel nous vivons. Il n'était question que de croyance, absolument pas d'origine et de situation social.

A ce stade je vais faire un petit détours par la démographie et les cours de démographie reçus il y a hem... quelques temps à la fac. Le professeur nous expliquait que certaines populations, dans certains pays (les États-Unis par exemple) aiment être comptées, mais qu'en France c'est l'inverse. En France, il est interdit de faire une étude démographique basée sur une religion ou une couleur de peaux. En France, la religion est considéré comme quelque chose de personnel, aussi peu déterminant que la couleur d'un sac à main. Comme le soulignait une étude franco-britannique (autre pays où les communautés aiment se compter) en France on se dit tous français. On insiste sur nos ressemblances au prix de la reconnaissance de nos différences.

C'est probablement pour cela que le débat s'est entièrement déroulé sur le terrain des idées et n'a absolument pas essayé de resituer ceux qui prenaient la parole dans un contexte.Ceux qui parlaient devaient être tous les mêmes puisqu'ils étaient tous français et que l'on parlait de notre bien commun, la société française. Aucun besoin donc de qualifier les origines, l'état d'esprit, la culture, etc... de chacun, encore moins d'explorer d'autres champs (comme le juridique, la sociologie, la psychologie de masse etc...).

Voici un petit florilège

Personnellement j'avoue avoir été assez peu passionnée par ce débat car il m'a semblé pauvre et condamné à un éternel recommencement. Certain réclame le respect de leur liberté de rire et d'autre le respect de leur liberté de croire.

Pourtant dans un reportage France Info (que je ne retrouve malheureusement pas), une parole m'a interpelée. Le journaliste interviewait les manifestants "anti-caricature" et au milieu des revendications, l'un deux a dit, "nous n'avons pas de boulot, non n'avons pas de maison, nous n'avons pas de reconnaissance, laissez nous au moins notre religion". Il m'a semblé que cette phrase (relevée par personne) était particulièrement éclairante.
Ce que demandait ce jeune homme c'est qu'on respecte ce qu'il considérait comme la dernière parcelle intègre et respectable de lui même. Les conditions matérielles, il avait fait avec, mais son espérances et ses croyances devaient être respectées. Peut être ce jeune homme se sentaient-il comme l'Electre de Giraudoux, qui accepte de tout perdre tant que sa vérité tient debout et qui est elle-même portée par cette vérité.

Je me suis demandé pourquoi ces caricatures faisaient tant de bruit. Charlie Hebdo, comme le dit son équipe, caricature tout. Pourquoi la religion musulmane est-elle un sujet si sensible. Seule une poignée de catholique se sent blessée par Charlie Hebdo, pourquoi pas les autres ? Et pourquoi ne manifestent-ils pas ? Peut-être parce qu'ils ont, je cite, "un boulot, une maison, une reconnaissance".

On passait ainsi d'un problème philosophie à un problème purement social, sur lequel strictement personne ne s'est plongé. Qui a parlé des manifestants ? Qui leur a demandé d'où ils venaient ? D'où venait leur foi, quelle était leur CSP ? Rien. Rien en dehors des fameux signes manifestes de leur religion (barbes, vêtements, voile).

Moi je me demande combien de jeunes estiment qu'ils n'ont rien d'autre que leur foi. Combien estiment qu'on les méprise et qu'on a rien à leur offrir ? Est-ce que la vraie blessure n'est pas plutôt là, que dans 4 ou 5 dessins publiés dans un journal à tirage moyen ? Est-ce la blessure d'un génération, ou d'un seul jeune homme ? Combien sont-ils à penser comme lui ? Est-ce un vrai sujet ou juste les présupposées caricaturaux d'une jeune femme CSP+ bien intégrée et anti-cléricale ?

Et finalement quand on repense à ce jeune homme, n'aimerait-il pas tout simplement ce qu'a le journaliste de Charlie Hebdo ? Une voix, un statut social, une certaine reconnaissance et, sans parler de richesse, une certaine aisance financière.

Et enfin, pourquoi notre société n'a-t-elle pas jugé bon de se poser ces questions ?


Mon texte ne justifie pas le fait qu'on brule des locaux ou qu'on crache sur une religion. Encore une fois le problème n'est pas ici de déterminer qui a tord ou raison, mais d'essayer d'élargir le champ de la réflexion et pourquoi pas ? trouver des nouvelles pistes pour vivre ensemble.


Enfin il n’est pas non plus interdit de penser que ce poste est la plus grossière des caricatures...

lundi 21 janvier 2013

L'égalité...

c'est pas pour maintenant.

Je viens de publier un poste sur l'élevage de gnome. Mon mari s'investit largement dans l'éducation de notre fils (au moins à hauteur de 50%). Pourtant, dans mon poste, il n'est question que des mères, et de leur vision de l'éducation.

A quand une vraie place pour les pères ???

Il aurait simplement fallu que j'enlève quelques "e" et que je mettent certaines phrases au masculin pluriel.
Grrrrrrrrrrrrr il y a encore du boulot sur le chemin de l'égalité, y compris dans ce blog.

Parents français vs. parents américains

Chose promise chose due : voici ma critique de ce fameux article, ou ma lettre à Pamela Druckerman.

J'en profite pour remettre le lien vers l'article au cas où vous ne l'auriez pas lu : Pourquoi les parents français sont supérieurs

Au passage je signale une interview de l'auteur dans Elle (qu'en bonne blogueuse je me suis empressée d'acheter pour nourrir mon sujet). Car oui en plus de cet article, l'auteur a fait un livre, compilant expérience personnelle et études internationale (chose très américaine) que la journaliste, le Dr. AGA, s'empresse de nuancer/critiquer avec humour (chose très française).

Je note tout d'abord que mon dernier poste a suscité quelques commentaires (en live ou pas) que je pourrais principalement résumer à ceci "mmmmm mes enfants doivent être américains. Pas d'autres explications.". J'avoue que ce fût aussi mon premier sentiment (et celui de la journaliste de Elle), en lisant la scène du restaurant. Pour moi, on n’est pas parents tant qu'on a pas eu une crise dans un lieu publique avec un enfant qui se roule par terre.

Avouons que nous, les mères, avons toutes vécu cette scène là :


Et oui parfois nous pensons que le préservatif est une si belle invention (au delà de son efficacité contre le sida, que l'on ne rappellera jamais assez). 


1- Des mamans auto-centrées

Peut être est-ce la première différence entre les mères américaines et les mères françaises. Avouer que parfois, on lorgne sur l'onglet "vente" d'e-bay, ne nous gène pas. Le stéréotype de la mère parfaite française passe aussi par ce petit détachement cynique que les français appliquent à tout et affectionnent particulièrement.

Ensuite l'auteur insiste (dans son article et dans Elle) sur la notion de "moi d'abord" opposé à "mon enfant d'abord". Je pense qu'elle a tout à fait raison. De ce que j'ai pu voir des mères américaine l'enfant passe avant tout. Je pense d'ailleurs que ce n'est pas un hasard si le mouvement "No Child" à commencé là bas en réaction au "Child first".
La France n'est pas un pays féministe. Nous ne sommes pas à la pointe des droits des femmes, nous ne sommes pas fan des "gender studies". Ce n’est pas pour autant que nous n'avons pas été touchés par les mouvement féministes, notamment ceux qui ont apporté la pilule et l'avortement. Mais l'arrivée de ces mouvements ne nous semble pas en contradiction avec le fait d'avoir des enfants. Les femmes ont signé des pétitions, travaillé, milité pour le droit de faire ce qu'elles veulent de leur corps et leurs enfants... ont suivi. C'est pour cela que l'on peut militer au planning familiale tout en ayant envie d'enfants. Pour les françaises les enfants ne sont ni le problèmes ni la question, mais c'est plutôt le choix qui est au cœur de leurs batailles. J'ai l'impression que les choses ne sont pas du tout posées de cette manière pour une américaine.

Néanmoins pour nuancer ceci je ne peux que conseiller la lecture du livre d’Élisabeth Badinter, Le Conflit. Qu'on soit en accord ou pas avec ce qu'elle écrit, dans un passage elle revient sur l'histoire féministe de la France et suggère que le (léger) retour de bâtons que nous constatons est peut être du au militantisme de nos ainées. En gros les femmes se sont émancipées et les enfants ont du suivre. Maintenant que ceux-ci sont grands ils ont à cœur de ne pas reproduire ce schéma et seraient beaucoup plus centrés sur leurs enfants. Voilà qui viendrait nuancer les affirmations de notre Pamela internationale.


Allez c'est la récrée :



J'en profite pour vous conseiller la lecture de ce merveilleux blog : Petit précis de Grumeautique
de l'unique Nathalie Jomard. Voilà à quoi ressemble une VRAIE maman française. 

2- L'autorité naturelle des parents français

Comme nous le démontre merveilleusement bien le blog cité ci-dessus et comme le démontrent quotidiennement nos merveilleux bambins, non, nous les mamans française n'avons pas une autorité innée. Je dirais même qu'on galère.
 Il n'empêche que Pamela a 100 fois raison quand elle dit que c'est notre priorité n°1. Si l'on parcours les forums, de quoi se plaignent les mamans ? "Il ne m'écoute pas" "il répond" "elle me dit "non" quand je lui dis d'aller se coucher" "il ne me dit jamais merci". OK pour les plus grands vient ensuite "il ne fait rien à l'école" en plutôt bonne position (à partir de 6-7 ans), mais on parle ici de petite enfance.

Il m'est apparu évident que la problématique des mères américaines n'est pas celle-la. Pour une maman américaine le Graal est un enfant équilibré. Pour nous, c'est qu'il soit sortable. Oh bien sûr nous voulons aussi des enfants bien dans leurs baskets mais combien de fois ai-je entendu "mais non voyons, tu l'aimes c'est tout ce dont il a besoin". Pour nous l'amour est l'alpha et l'oméga de l'épanouissement de notre enfant, pas le cours de chant ou de dessin. Pour simplifier : on l'aime et c'est bien suffisant. 

D'ailleurs en matière d'éducation quel est le dernier débat américain ? Celui qui a tourné autours de la publication du livre "Maman Tigre" d'Amy Chua. Cette maman américano-chinoise considérait que les américains sont bien trop tendres avec leurs enfants et qu'un dessin de fête des mères doit finir à la poubelle si il n'est pas une copie acceptable d'un Léonard De Vinci. Bref la clef de la réussite c'est l'exigence et l'excellence dès le plus jeune âge. Nous y voilà. 
Les américains se sont jetés sur ce débat car le but de leur éducation doit être la réussite. L'enfant doit se choisir une voie, s'accomplir dans celle-ci et devenir tout bonnement le meilleur. Ce n'est pas un hasard si la très très large majorité des films américains pour enfants ont pour thème l'accomplissement personnel. "Accompli-toi", "crois en tes rêves", "trace ta route" sont des refrains que l'on entend tout au long de ces films. Le fait qu'il ne peut y avoir 6 milliards de Lady Gaga ou d'aspirantes Lady Gaga n'est pas un argument pour eux.  
Pour nous, ces messages semblent incongrus. 
Et à ce stade de ma réflexion je vais avancer en terrain glissants mais tant pis : je pense que ces différences sont historiques et géographiques. Nous sommes un peuple qui vit sur une terre plutôt densément peuplée, l'Europe, sur laquelle se lient et se déchirent une mosaïque de peuple. Il nous aura fallu plus de 2000 ans pour vivre sans (trop) de guerre et construire quelque chose ensembles. Dans ces conditions nous avons été obligés de composer avec les autres. Il n'est pas illogique de penser que notre besoin de "respectabilité" vient de là. Il faut que notre enfant sache se tenir parce qu'il n'est pas seul, parce que nous ne sommes pas seuls.

Les américains, eux se sont construits en partant à l'assaut de vastes territoires. Leur but ? Partir loin et y monter leur commerce. On est bien dans l'idée d'une réalisation personnelle vs. une collaboration pluriculturelle.

Je rapprocherais plus notre modèle du modèle japonais dans lequel chacun n'est qu'un maillon d'un ensembles. C'est flagrant quand on va au Japon : il y a des employés partout ! Sur le quai du métro, pour tenir une porte, fournir un renseignement, ces métiers sont omniprésents alors qu'ils ont totalement disparus en France (et je n'ose même pas parler des États-Unis).  La conséquence première, c'est que le taux de chômage est très bas. La seconde conséquence c'est que tout le monde à une place dans la société. Pas forcément la place de ses rêves mais une place quand même et surtout une utilité.
Enfin ce que je considère comme la troisième conséquence c'est que les usages sociaux (politesse, coutume etc...) sont extrêmement forts et ont une place centrale.
 Les États-Unis sont à des années lumières de ce schéma. 
  
Pamela n'a donc pas tout à fait tord quand elle dit que l'autorité et la politesse sont l'axe principale de notre éducation. Ce n'est pas que nous sommes plus douées, c'est que nous sommes plus convaincues car c'est le plus important pour nous. Ajoutons à cela que contrairement aux américaines, nous ne voyons pas notre enfant comme un partenaire, un égal, mais comme une personne en dessous de nous, qu'il nous faut élever. Nous ne faisons pas grandir nos enfants, nous les élevons au rang d'adulte, de citoyens.

La conséquence négative de tout cela, Pamela n'en parle pas dans cet article et en parle très peu dans Elle. C'est bien dommage car à mon sens cela donnerait plus de poids à se démonstration. 

La conséquence c'est que l'enfant doit se plier au monde de l'adulte et que les parents doivent se plier au monde des nullipares. Ma belle mère m'a mainte fois raconté son arrivée à New York dans les années 70 avec un enfant de 3 ans. Enfin il y avait des grands trottoirs pour circuler avec sa poussette, enfin il y avait des gens qui jetaient un regard bienveillant sur son statut de mère au lieu de voir cela comme une gène. Pour la première fois, elle avait l'impression que des choses étaient prévues pour son enfant. Quiconque à pris le métro ou circulé une heure en poussette à Paris conclura de lui-même que ce n'est pas le cas en France. L'enfant étant un non-sujet, on n'a pas à faciliter la vie de sa mère avec des équipement pratiques.

L'autre conséquence c'est que l'enfant doit très vite apprendre à se couler dans la règle et dans la norme. Ainsi durant sa scolarité, dans une rédaction on ne lui demandera pas d'exprimer un point de vue, encore moins de faire preuve de créativité mais plutôt d'être capable de construire un raisonnement et cela sans aucune faute d'orthographe. C'est un système qui peut s'avérer destructeurs pour les enfants. La France n'est d'ailleurs clairement pas à la pointe pour tout ce qui est de la prise en charge des enfants différents. Pour les États-Unis la différence est la norme, pour la France c'est une faute de goût.

Alors oui on va dire que cet article comporte beaucoup de clichés. Oui il y a aussi des lacunes. On y trouve aussi quelques travers (mais QUAND les américains arriveront-ils à se débarrasser de cette obsession au sujet de nos assiettes et de leur contenu ?). Mais l'éloge n'est finalement pas si mal vu. Et l'élevage de grumeau étant finalement l'un des passe-temps les plus culpabilisants qui soient, il serait malvenu de cracher dans la soupe. Que l'on nous sert le sourire aux lèvres.
  

Bloggueuse indigne

Ce soir j'étais censée faire mon nouveau poste (je l'ai même commencé). Au lieu de ça, je suis allée massacrer du zombie au soleil avec mon mari (Dead Island) en sirotant une tisane.

Je ne sais pas si je suis une mère indigne... euh pardon française, mais en tout cas je suis une bloggueuse indigne.

jeudi 10 janvier 2013

Pourquoi les parents français sont supérieurs

J'adooooooooooooore lire des articles sur les français. Au pire ils me font rire au mieux il me mettent le nez sur des aspects de notre culture que je n'aurais jamais remarqué sinon.
Peut être parce que je suis dans une bonne période avec mon fiston (2 ans et 2 mois au compteur), j'ai particulièrement aimé celui-là. Du coup j'ai passé l'après-midi à le traduire (ce qui est excellent pour mes neurones). Pour le commentaire il faudra attendre mon prochain poste. J'ai en effet un petit d'homme à éduquer. ;-)

Voici l'article original


Pourquoi les parents français sont supérieurs ?


Alors que les Américains s’arrachent les cheveux sur la parentalité moderne, les Français élèvent heureux, des enfants bien élevés, sans anxiété. Pamela Druckerman enquête sur les secrets gaulois pour éviter les crises de colère, l'enseignement de la patience et de dire «non» avec autorité.

By PAMELA DRUCKERMAN

Quand ma fille avait 18 mois, mon mari et moi avons décidé de partir un peu en vacances d'été avec elle. Nous avons choisi une ville côtière qui est à quelques heures en train de Paris, où nous vivions (je suis Américaine, il est britannique) et nous avons réservé une chambre d'hôtel avec un lit d'enfant. Bean, comme nous l'appelons, était notre seul enfant à ce stade, nous pensions alors, excusez notre naïveté: Comment cela pourrait-il être dur ?

Nous prenions le petit déjeuner à l'hôtel, mais nous mangions le déjeuner et le dîner dans les restaurants de fruits de mer peu partout dans le vieux port. Nous avons rapidement découvert que d'avoir deux repas au restaurant par jour avec un enfant en bas âge méritait d'être son propre cercle de l'enfer.

Bean s’intéressait brièvement à la nourriture, mais quelques minutes plus tard, elle renversait les salières et déchirait les sachets de sucre. Puis elle demandait à être sorti de sa chaise haute pour s'élancer autour du restaurant et vadrouiller dangereusement vers les quais.

Notre stratégie était de terminer le repas rapidement. Nous commandions tout en s’asseyant, pressant alors le serveur pour avoir un peu de pain et apporter nos entrées et de plats principaux en même temps. Alors que mon mari prenait quelques bouchées de poisson, je faisait en sorte que Bean ne se fasse pas écrasée par un serveur ou ne disparaisse pas corps et biens en mer. Puis nous changions. Nous laissions des pourboires astronomiques pour compenser le champ de  serviettes déchirées et les petits bouts de calamars tout autour de notre table.

Après quelques repas atroces au restaurant, j'ai commencé à remarquer que les familles françaises qui nous entouraient ne semblaient pas partager notre calvaire. Bizarrement, on aurait dit qu'ils étaient en vacances. Les tout-petits français étaient assis, contents, dans leurs chaises hautes, en attendant leur nourriture, mangeaient du poisson et même des légumes. Il n'y avait pas de hurlement ou de gémissement. Et il n'y avait pas de débris autour de leurs tables.

Bien que vivant en France depuis quelques années, je ne pouvais pas l'expliquer. Et une fois que j'ai commencé à réfléchir sur les parents français, j'ai réalisé que ce n'était pas seulement l'heure du repas qui était différente. Je me suis tout à coup posé beaucoup de questions. Pourquoi par exemple, durant les centaines d'heures durant lesquelles j’avais quadrillé les terrains de jeux français, je n'avais jamais vu un enfant (sauf le mien) piquer une crise de colère? Pourquoi mes amis français n'ont jamais besoin de lâcher le téléphone parce que leurs enfants étaient en train d’exiger quelque chose? Pourquoi leur salon n’était pas envahi par des tipis et des cuisines-jouets, comme l’était le notre ?
Bientôt, il est devenu clair pour moi que tranquillement et en masse, les parents français obtiennent des  résultats qui créent une atmosphère familiale tout à fait différente. Lorsque des familles américaines ont visité notre maison, les parents passaient souvent une grande partie de la visite à arbitrer les querelles de leurs enfants, à faire des longueurs autour du mini coin-cuisine ou de s’allonger sur le sol pour construire des villages Lego. Quand des amis français nous rendaient visite, en revanche, les adultes buvaient leur café et les enfants jouaient joyeusement dans leur coin.

À la fin de nos vacances à la mer ruinée, j'ai décidé de comprendre ce que les parents français faisaient autrement. Pourquoi les enfants français ne balançaient pas leur nourriture? Et pourquoi leurs parents ne criaient pas ? Pouvais-je changer mon câblage et obtenir les mêmes résultats avec ma propre progéniture?

Poussée en partie par le désespoir maternel, j'ai passé les dernières années sur plusieurs enquêtes au sujet des parents français. Et maintenant, que Bean a 6 ans et les jumeaux 3, je peux vous dire ceci : Les Français ne sont pas parfaits, mais ils ont quelques secrets parentales qui fonctionnent vraiment.

J'ai d'abord réalisé que j'étais sur quelque chose quand j'ai découvert une étude de 2009, menée par des économistes de Princeton, qui comparait les expériences de garde d'enfants de mères dans la même situation à Columbus, dans l'Ohio, et à Rennes, France. Les chercheurs ont constaté que les mères américaines pensaient qu'il était plus de deux fois plus désagréable de s’occuper de leurs enfants. Dans une autre étude par les mêmes économistes, les mères qui travaillent au Texas disent que même le ménage est plus agréable que la garde d'enfants.

Rassurez-vous, je ne souffre certainement pas d'un préjugé pro-France. Au contraire : je ne suis même pas sûr que j'aime vivre ici. Je ne veux surtout pas que mes enfants grandissent et deviennent des parisiens dédaigneux.

Mais au sujet de tous ces problèmes, la France est le film parfait pour évoquer les problèmes actuels de la parentalité américaine. Les parents des classes moyennes françaises (je n'ai pas suivi les très riches ou pauvres) ont des valeurs qui me sont familières. Ils échangent avec leurs enfants avec zèle, en leur montrant la nature et leurs lisent beaucoup de livres. Ils les emmènent à leur cours de tennis, au cours de peinture et aux musées scientifiques interactifs.

Pourtant, les Français ont réussi à être présents auprès de leurs familles, sans que ça devienne obsessionnel. Ils partent du principe que même de bons parents ne sont pas au service constant de leurs enfants, et qu'il n'y a aucune raison de se sentir coupable à ce sujet. «Pour moi, les soirées sont pour les parents», m'a dit une mère parisienne. «Ma fille peut être avec nous si elle veut, mais c’est un temps pour les adultes." Les parents français veulent que leurs enfants soient stimulés, mais pas tout le temps. Tandis que certains bambins américains ont des professeurs privés de mandarins et une formation de pré-alphabétisation, les enfants français sont en train de gambader, volontairement laissés à eux-même .

Je suis certainement pas la première à souligner que la classe moyenne américaine a un problème parental. Ce problème a été minutieusement diagnostiqué, critiqué et nommé : overparenting, hyperparenting, la parentalité hélicoptère, et mon préféré, le kindergarchy. Personne ne semble aimer l'implacable marche malheureuse de la parentalité américaine, surtout pas les parents eux-mêmes.

Bien sûr, les Français ont toutes sortes de services publics qui contribuent à rendre le fait d’avoir des enfants plus attrayant et moins stressant. Les parents n'ont pas à payer pour le préscolaire, ni d’inquiétude à propos de l'assurance maladie ou encore où le mettre au collège. Beaucoup ont tous les mois des allocations versées directement sur leur compte en banque, juste parce qu’ils ont des enfants.

Mais ces services publics n'expliquent pas toutes les différences. Les Français, j'ai trouvé, semblent avoir un cadre tout à fait différent pour élever des enfants. Quand j'ai demandé aux parents français comment ils enseignaient la discipline à leurs enfants, il leur a fallu un petit moment, uniquement pour comprendre ce que je voulais dire. "Ah, tu veux dire, comment nous les éduquons?" demandèrent-ils. La «Discipline», je m’en suis vite rendu compte, est une étroite notion rarement utilisée qui traite de la punition. Alors que "l’Éducation" (qui n'a rien à voir avec l'école) est quelque chose qu'ils s'imaginaient faire tout le temps.

Une des clés de cette éducation est le simple fait d'apprendre à attendre. C'est pourquoi les bébés français que je rencontre la plupart du temps font leurs nuits à partir de deux ou trois mois. Leurs parents ne se précipitent pas à la seconde où ils se mettent à pleurer, ce qui permet aux bébés d'apprendre à se rendormir. C'est aussi pourquoi les bambins français restera assis tranquillement dans un restaurant. Plutôt que de grignoter toute la journée comme les enfants américains, la plus part du temps ils doivent attendre l'heure du repas pour manger. (Les enfants français ont généralement trois repas par jour et une collation vers 4 heures)

Un samedi, j'ai visité Delphine Porcher, avocate du travail plutôt dans la mi-30aine, qui vit avec sa famille dans la banlieue Est de Paris. Quand je suis arrivée, son mari travaillait sur son ordinateur portable dans le salon, tandis que Aubane 1 an faisait un petit somme à proximité. Pauline, leur fille de 3 ans, était assise à la table de la cuisine, complètement absorbée par la pâte à cupcacke qu’elle mettait dans les petits moules. Elle résistait à la tentation de manger la pâte.

Delphine me dit qu'elle n'avait jamais prévu spécifiquement d’enseigner la patience à ses enfants. Mais les rituels quotidiens de sa famille sont un apprentissage continu dans la façon de retarder la gratification. Delphine me dit que parfois elle a achetait des bonbons à Pauline (les bonbons sont en vitrine dans la plupart des boulangeries). Mais Pauline doit attendre la collation du jour pour avoir le droit de manger ses bonbons, même si cela signifiait attendre plusieurs heures.

Quand Pauline a essayé d'interrompre notre conversation, Delphine a dit, "Attends deux minutes, ma toute petite. Je suis en train de parler." Ce qui était à la fois très poli et très ferme. J'ai été frappé par la douceur avec laquelle Delphine avait parlé et par le fait qu’elle semblait certaine que Pauline allait lui obéir. Delphine a aussi appris à ses enfants une compétence en lien avec cela : apprendre à jouer tout-seul. "La chose la plus importante est qu'il apprend à être heureux par lui même", a-t-elle dit au sujet de son fils, Aubane.

C'est un talent que les mères françaises essayent explicitement de cultiver chez leurs enfants plus que les mères américaines ne le font. Dans une étude de 2004 sur les croyances parentales des mères ayant fait des études aux États-Unis et en France, les mamans américain ont déclaré qu’encourager un enfant à jouer seul était d'une importance moyenne. Mais les mamans françaises ont considéré que c’était très important.

Plus tard, j'ai écrit Walter Mischel, expert mondial de la façon dont les enfants apprennent à retarder la gratification. Il se trouve que M. Mischel, 80 ans et professeur de psychologie à l'Université Columbia, était à Paris, séjournant dans l'appartement de sa petite amie de longue date. Il a accepté de me rencontrer pour un café.

M. Mischel est surtout célèbre pour l'élaboration du "test du Marshmallow" dans les années 1960 quand il était à Stanford. Dans ce document, un expérimentateur conduit un enfant de 4 ou 5 ans dans une salle où il y a un marshmallow sur une table. L'expérimentateur dit à l'enfant qu'il va quitter la salle pendant un petit moment, et que si l'enfant garde le marshmallow jusqu'à ce qu'il revienne, il sera récompensé par deux marshmallow. S'il le mange, il n’aura que celui-là.

La plupart des enfants ne pouvait attendre qu’environ 30 secondes. Seulement une personne sur trois a résisté pendant les 15 minutes durant lesquelles l'expérimentateur était absent. Le truc, les chercheurs l’ont constaté, c'est que les enfants patients étaient capable de se distraire.

Au milieu des années 1980, M. Mischel et ses collègues ont constaté que les enfants patients avaient une bien meilleur concentration et une meilleur capacité de raisonnement, et n’«ont pas tendance à s'effondrer face aux difficultés», comme le dit leur rapport.

Apprendre aux enfants à retarder la gratification, comme le font les parents des classes moyennes françaises, les rendrait-il plus calmes et plus résilients ? Cela expliquerait-il en partie pourquoi les enfants des classes moyennes américaines, qui ont  en général l’habitude d’obtenir ce qu'ils veulent tout de suite, s'effondrent si souvent sous la pression du stress?

M. Mischel, qui est originaire de Vienne, n'a pas effectué le test du marshmallow sur les enfants français. Mais en tant qu’observateur de longue date de la France, il dit qu'il a été frappé par la différence entre les enfants français et américains. Aux États-Unis, dit-il, «l'impression qu'on a, c'est que l'auto-contrôle est de plus en plus difficile pour les enfants."

Les parents américains veulent que leurs enfants soient patients, bien sûr. Nous encourageons nos enfants à partager, à attendre leur tour, mettre la table et à la pratique du piano. Mais la patience n'est pas une compétence que nous inculquons tout aussi assidûment que les parents français le font. Nous avons tendance à voir la patience des enfants comme une question de tempérament. À notre avis, les parents ont la chance ou pas d’avoir un enfant patient.

Les parents et les encadrants français ont du mal à croire que nous sommes tellement “laissez-faire” (ndlr : en français dans le texte) à propos de cette compétence cruciale. Quand j'ai mentionné le sujet lors d'un dîner à Paris, mon hôte français s’est lancé dans une histoire à propos de l'année où il a vécu en Californie du Sud.

Lui et sa femme avaient fait connaissance d'un couple américain et décidé de passer un week-end avec eux à Santa Barbara. C'était la première fois qu'ils rencontraient leurs enfants, dont l'âge variait de 7 à 15 ans. Des années plus tard, ils se souviennent encore comment les enfants américains interrompaient fréquemment les adultes en milieu d'une phrase. Et il n'y avait pas de repas fixes, les enfants américains allés au réfrigérateur et prenaient de la nourriture quand ils le voulaient. Pour le couple de français, il semblait que les enfants américains étaient une charge.

«Ce qui nous a frappé, et nous a dérangés, c'est que les parents ne disaient jamais 'non'", dit le mari. Les enfants faisaient «N'importe quoi» (ndlr : en français dans le texte), ajoute sa femme.

Après un moment, je fut frappé de voir que les descriptions de la plupart des Français d'enfants américains inclue cette phrase «N'importe quoi», qui signifie «tout» ou "tout ce qu'ils veulent". Cela suggère que les enfants américains n'ont pas de frontières définies, que leurs parents n'ont pas d’autorité, et que tout va à vaut l’eau. C'est l'antithèse de l'idéal français du “cadre” (En français dans le texte), dont les parents français parlent souvent. Cadre signifie que les enfants ont des limites très fermes sur certaines choses, et que les parents appliquent strictement ces limites. Mais à l'intérieur du cadre, les parents français font confiance à leurs enfants et leur laisse beaucoup de liberté et d'autonomie.

L'autorité est une des points les plus impressionnants de la parentalité française et peut-être le plus difficile à maîtriser. Beaucoup de parents français que je rencontre ont avec leurs enfants une autorité naturelle, calme que je ne peux que lui envier. Leurs enfants les écoutent réellement. Les enfants français ne sont pas constamment en train de se sauver, de répondre ou de s'engager dans des négociations prolongées.

Un dimanche matin au parc, ma voisine Frédérique me vit en train de tenter de gérer mon fils, Léo qui avait alors de 2 ans. Leo était rapide et quand je suis allé au parc avec lui, j'étais constamment en mouvement, aussi. Il semblait considérer les portes autour des aires de jeux comme une pure et simple invitation à l’évasion.

Frédérique avait récemment adopté une belle rousse 3 ans d'un orphelinat en Russie. Au moment de notre sortie, elle était une mère depuis trois mois. Pourtant, par le seul fait d'être français, elle avait déjà une vision tout à fait différente de l'autorité que moi : de ce qui était “possible” et “PAS possible” (en français).

Frédérique et moi étions assis au bord du bac à sable, essayant de discuter. Mais Leo passait son temps à se précipiter hors de la grille entourant le bac à sable. Chaque fois, je me levais pour le rattraper, le gronder, et le ramener tandis qu’il hurlait. Dans un premier temps, Frédérique a regardé ce petit manège en silence. Puis, sans aucune condescendance, elle a dit que si je courais après Leo tout le temps, nous ne pourrions pas profiter de simple plaisir de s'asseoir et bavarder pendant quelques minutes.
"C'est vrai", dis-je. "Mais qu'est-ce que je peux faire?" Frédérique dit que je devrais être plus sévère avec Leo. Dans mon esprit, passer l’après midi à courir après Leo était inévitable. Dans son esprit, ce n’était "pas possible" (en français).

J'ai fait remarquer que j'avais fait la leçon Leo durant les 20 dernières minutes. Frédérique sourit. Elle me dit que je devais rendre mon "non" plus dense et de y croire. Lorsque Leo essaya de courir vers de la porte,  la fois suivante, je dit «non» plus fortement que d'habitude. Il parti en courant quand même. Je suivi et le ramenais. "Tu vois ?" lui dis-je. "Ce n'est pas possible."

Frédérique sourit à nouveau et me dit de ne pas crier, mais plutôt de parler avec plus de conviction. J’eus peur de l’effrayer. "Ne t’inquiètes pas," dit Frédérique, me poussant dans mes retranchements.

Leo n’écouta pas la fois suivante. Mais je senti peu à peu mes «non» devenir plus convaincants. Ils n'étaient pas plus fort, mais ils étaient plus sûrs d'eux. A la quatrième tentative, lorsque je fût finalement débordante de conviction, Leo approcha de la porte, mais miraculeusement, ne l'ouvrir pas. Il se retourna et me regarda avec méfiance. J'ai élargi mes yeux et essaya de regarder d’un air désapprobateur.

Après environ 10 minutes, Leo cessa tout à fait d'essayer de partir. Il avait l'air d’avoir oublié la porte et jouait dans le bac à sable avec les autres enfants. Bientôt Frédérique et moi discutions les jambes allongées devant nous. J'étais frappée de voir que Leo me considérait soudainement comme une figure d'autorité.
"Tu vois !" dit Frédérique "C'était le ton de ta voix." Elle souligna que Léo ne semblait pas être traumatisés. A ce  moment, et peut-être pour la première fois, il ressemblait effectivement à un enfant français.

Encadré :
French Lessons
 

Les enfants doivent dire Bonjour, au revoir, merci et s’il vous plait. Cela les aide à apprendre qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des besoins et des sentiments
Quand ils se comportant mal on leur fait les gros yeux.
Il n’ont droit qu’à un seul grignotage par jour (en France en général c’est vers 4h/4h30)
Rappelez leurs (et rappelez-vous) qui est le boss. Les parents français disent “c’est moi qui décide”.
N’ayez pas peur de dire “non”. Les enfant doivent apprendre à composer avec la frustration.