lundi 13 octobre 2014

60 millions de français et moi et moi et moi...

Avertissement n°1 : J'ai écrit ce texte il y a un bon moment comme vous le verrez dans les éléments d'actualité qu'il contient. Je ne l'ai pas publié à l'époque car le sujet était très à vif et que le patriotisme est quelque chose de très personnel vécu de manière différente par chacun d'entre nous. Le temps a passé. Nous ne sommes pas une société apaisée loin de là mais la crise économique et politique que nous vivons a un peu changé notre vision du "collectif". En relisant ce texte je me sens toujours en phase avec ce que j'y écrivais. J'ai donc eu envie de le publier. Tel quel.

Avertissement :
mon texte est un poste de blog. Il n'a ni les fondements scientifiques, ni la documentation nécessaire, ni l'objectivité d'un article de journal. Il parle de mon pays tel que je le vois et des sentiments et idéaux qui me lient à lui. En ce sens il est plus une tribune qu'un de mes postes de blog classique.



Non je ne parlerai pas de la journée du 8 mars. de toute façon le 8 mars est au féminisme ce que la Saint-Valentin est à l'amour. Chacun a son opinion là dessus et fait de cette journée ce qu'il veut. Par contre j'ai été surprise ! C'est la première fois que j'ai vu autant de choses sur cette journée sur les réseaux sociaux.

Non je vais parler de foot. FRANCE-ESPAGNE WOUUUUUUUUUUUUUUUHOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU. Ce soir chéri, je laisse tomber le rôti, c'est bières-pizzas. D'ailleurs si vous voulez vous prendre un coup de vieux avec moi : cliquez ici
Hem... oui je suis une sportive sur canapé, tous les 4 ans je deviens une spécialiste du curling, j'enfonce Thierry Roland à chaque coupe du monde, j'ai crié moi aussi "VIVAAAAAAAAAAA TSONGAAAAAAAAAA". Il y a peu de sport que je n'aime pas suivre à la télé (l'athlétisme en fait partie je ne sais pas pourquoi. Ainsi que la natation et le cyclisme). Je n'ai jamais vu d'épreuve sportive en vrai (si l'on excepte le kendo et le volley, que j'ai pratiqué) et c'est la honte, mais promis ça fait partie des choses à réaliser avant mes 40 ans. J'adore critiquer, râler, encourager, supporter, sans toucher ma bille, bref je suis française. :-)

L'idée de ce billet m'est venue quand Beckham a été annoncé au PSG. Le PSG mine de rien c'est l'équipe de ma ville (si on considère que Courbevoie est pile au milieu du trajet Paris-Saint Germain donc fait partie du PSG). Et Beckham... c'est Beckham. Je ne suis fan ni de l'un ni de l'autre, je ne suis les exploits ni de l'un ni de l'autre. Mais quand même ça m'a vraiment titillé et j'avais trèèèèèèèèèèèèèèèèès envie de voir ce que donnait Beckham au PSG.

Cette même semaine je cherchais avec mon fils des vidéo de clips ou musiques dansantes sur you tube. Je suis tombée sur Shakira et son inévitable Waka Waka. Et je me surprends alors à penser "en fait ce qui nous faudrait c'est une bonne petite coupe du monde".
Ouais...

rien qu'une toute petite coupe du monde... Allez.... Ou je vous fais la danse de la pluie euh...de la coupe du monde...

Je SAIS que les cyniques vont me dire qu'en période de crise (au cas ou vous l'auriez loupé/oublié on est en crise) du pain et des jeux calment tout le monde, surtout le bon peuple qui oublie de penser. C'est pas faux mais moi j'y vois également autre chose. C'est le moment où on se sent appartenir à un ensemble, une communauté.Un peu comme l'arrivée de Beckham me fait penser "Mais au fait ?! Le Paris Saint-Germain c'est l'équipe de ma ville !!". A mes yeux c'est l'un des côtés positifs du sport.

Les français sont généralement assez peu sensibles à cet aspect. On regarde de haut les américains et leur équipe locale de football. On rigole devant les tenues et cérémonies de remise de prix. Ici les diplômes se reçoivent par la poste, ou on va les chercher dans un bureau anonyme. Je n'ai même pas mon diplôme du bac. L'idée d'appartenance à une groupe (université, ville etc...) est souvent vue comme l'abandon d'un esprit critique et d'une certaine liberté. Et en matière d'esprit critique, le français n'a rien à envier à personne ! On le dit râleur mais en réalité je le trouve cynique. Peut être est-ce la faute d'une philosophie Descartiennes pour qui la croyance n'existe pas et seule la remise en question permets d'atteindre LA Vérité. En France on ne croit pas, on sait. Les choses sont juste ou fausses, mais dans un cas comme dans l'autre la croyance n'a pas sa place. La seule méthode consiste à réfléchir, remettre en question et surtout prendre de la distance. Alors le français aimera par dessus tout remettre en cause, critiquer, à commencer par lui même. Prendre de la distance avec ce qui le caractérise est une démarche idéalisée. Donc notre pays, notre ville, notre université on l'aime au fond, mais on n'oublie surtout pas de la/le critiquer.

Le sentiment d'appartenance à une nation, une ville, un groupe fait directement les frais de cette mentalité.
C'est mon analyse à deux ronds de "pourquoi les américains ont un petit drapeau sur leur maison et pourquoi cela choque les français".

Et moi je suis totalement schizophrène. J'ai été élevée par des descendant de hussards de la république qui écoutaient l'Hexagone de Renaud

Pour ceux qui ne connaissent pas :







Moi aussi je l'aime bien cette chanson. D'autant plus qu'elle se situe dans un contexte bien particulier, à une époque où l'idéologie gaulliste était encore bien présente. Je fais bien sûr référence au fait qu'à la fin de la seconde guerre mondiale, pour faire tenir la France debout et lui permettre de se tenir au milieu de vainqueurs, on en a fait une grande nation résistante et on a utilement rappelé qu'elle était la mère des droits de l'homme. Bref la France était belle, la France était forte et peut être même à sa manière était-elle éternelle.
Pour une petite analyse de cette chanson, merci Wikipédia : L'Hexagone
Mais Renaud avec sa petite chanson n'avait pas l'air d'un con et appuyait là où ça fait bien mal. La France, qui se veut pays des droits l'homme et berceau de l'humanisme est l'un des pays d'Europe à avoir accordé le plus tard le droit de vote aux femmes, envisage le mariage gay après la très catholique Espagne et fut le seul pays à avoir procédé à des exécutions capitales tout en étant membre de Communauté européenne. Ouille, pour le pays de Pascal, de Rousseau, de Voltaire.

Et parfois moi aussi, comme Renaud, je pense que ça fait du bien de rappeler qu'on est les champions de la théorie mais beaucoup moins de la pratique.

Une fois dit cela, je dois avouer que même si c'est un gros mot, je suis probablement une patriote (dans le sens où je suis très attachée à mon pays). Il est plein de défauts, mais il se trouve que c'est le mien. Il n'est pas mieux que celui d'à côté. J'ai beaucoup d'affection pour nos voisins et j'aimerai bien aller vivre quelques années chez eux, mais mon maillot c'est la France. Pour continuer sur les métaphores, peut être que la marseillaise est un chant guerrier, un peu bourrin pas très poétique, mais c'est le seul hymne que je connais.

Récrée !

 

En réalité je connais (à l'oreille) un autre hymne, l'hymne soviétique. Pour les paroles je préfère largement la version yaourt, mais la musique est franchement belle. Et cette vidéo toujours aussi stupide.
Si les non-francophones ont la même chose avec la marseillaise je serais preneuse.

Fin de la récrée.

Alors j'apprendrais à mes enfants 1789, les institutions française, le bipartisme gaulois, Marianne. Je leur ferai lire les vers d'Aragon, La Rose et le Réséda, un peu pompeux mais pas mal vus.

Et puis comme je suis une républicaine (au sens propre), je les emmènerai voter. Je leur apprendrai le respect des représentants de l'état, parce que l'état c'est le peuple français, le bien commun. Même si l'homme derrière la robe de juge, l'uniforme du policier ou la veste de l'instituteur est un abruti fini.
Je leur dirai que payer des impôts, c'est bien. Les impôts sont la caisse de la communauté que nous formons. Dans notre village gaulois, nous avons décidé des mettre de l'argent en commun, pour faire des choses ENSEMBLES, et construire de manière à ce que ça profite à tous.
Parce que nous avons décidé que nous appartenons tous à une communauté appelée la France, notre village gaulois à nous.
Ce village gaulois, il n'a pas pour but d'exclure les autres, de se défendre des autres, ou de les rabaisser. Il a juste pour but de fonder une communauté où nous vivons ensembles, où nous nous construisons des idées et des valeurs communes. C'est la base de la politique, littéralement "les choses de la cité". En gros j'aimerai bien qu'un jours tous ensembles nous construisions "les choses de notre citée". Et par la même occasion que nous valorisions un peu ce qui nous est commun. Même si ce n'est qu'un maillot de football.

Pourquoi un tel lyrisme ?

Ben parce que le sujet est à la mode et que je n'ai pas beaucoup d'imagination.

Pourquoi à la mode ?

Pour ça : 


Et aussi pour ça : Raphaël n'est pas Jean Ferrat (Marianne) (PS : allez jusqu'au bout, le fond de la pensée de l'article est à la fin)
Et surtout pour ça : Lettre ouverte à Raphaël 

Ma vision du patriotisme à moi  ne considère pas qu'il y a de "bons Français". Mon patriotisme à moi considère que les idéaux "droitdel'hommiste" font partis du patrimoine culturel français et qu'en tant qu'idéaux ils n'ont pas à se confronter avec la réalité mais plutôt à la guider. Et qu'il n'y a donc pas de
"confrontation de vos idéaux droitdel’hommistes avec la réalité", mais une fidélité à des valeurs inscrites sur les frontons des bâtiments publiques, NOS bâtiments publiques. Mon patriotisme à moi, quand il parle de la
"communautarisation de son pays", il prend aussi en compte la communautarisations des idées (oui les idées et les classes sociales débouchent sur des communautés) et se désole de voir les français s'insulter au nom de croyances politiques tout autant ancrées que certaines croyances religieuses.
Mon patriotisme à moi ne se réfugie pas derrière une femme morte depuis 600 ans en défendant des français qui ne savaient même pas qu'ils l'étaient, mais s'intéresse plutôt aux 60 millions de vivants qui sont mes frères parce qu'ils participent à la vie de NOTRE pays.
Le sol de mon patriotisme n'est pas "trempé de larmes et de sang". Le sol de mon patriotisme est la base d'un construction à venir. Voilà pourquoi je ne supporte plus le discours sur le déclin de la France. Nous sommes 60 millions d'hommes et de femmes, nous sommes un pays, nous sommes une richesse infinie.


Une amie franco-grecque me disait au soir du premier tour de la présidentielle de 2002 : "Au fond vous ne vous intéressez pas à la politique parce que ça n'est pas vraiment la crise chez vous. En Grèce ça va tellement mal qu'on ne parle que de ça, partout et que ça passionne les gens." Bon et bien maintenant on y est c'est la crise. Alors, on remonte ses manches ou on continue à se taper dessus ? Parce qu'il y a une coupe du monde à gagner en 2014.