dimanche 24 février 2013

Papa et maman sont sur une grue, bébé tombe à l'eau...

Je vais encore parler des hommes et des femmes. Ça devient récurent et ça m'attriste un peu car ce n'est pas l'objet de ce blog. Pour changer je parlerai ensuite de foot et de nationalité.

Parce que OUI j'ai hâte de voir Beckham au PSG et que j'ai même osé suggérer à ma moitié d'acheter deux billet pour le PSG / OM qui va avoir lieu prochainement. Au passage si il y a des intéressés pour venir avec moi... Je n'ai jamais vu de match de quoi que ce soit en stade mais j'ai le sentiment que c'est un peu tristoune seule. Alors si une bonne âme veut m'accompagner qu'elle se manifeste. En même temps je réalise qu'il est un peu tard. Je n'avais qu' à publier plus vite.


 "Focused" on a dit...


Bon aparte fini.

Je vais donc revenir sur le psychodrame journalistique de la semaine dernière. Je trouve souvent que les journalistes fonctionnent au psychodrame oubliant que parfois ce sont de vrais drames qui se jouent derrière. A ce sujet je vous conseille les archives de carte d'électeurs un bijou de journalisme diffusé pendant la dernière campagne présidentielle. Ça parait si loin. Il y a un an maintenant, Sarkozy entrait en campagne.

Bon je reviens à mes moutons.



Oui je suis d’humeur digressive aujourd'hui...


C'est pas un peu bientôt fini, oui, les digressions ? 


Je vais donc parler des grues et des papas qui sont montés dessus. J'en parlerai avec une triple casquette : en tant qu'enfant j'ai vécu deux divorces et je suis maintenant maman et en couple.J'ai moi même songé au divorce.

Je dois dire que dans un premier temps, ma toute première réaction est de soutenir ce mouvement. En effet si on réclame l'égalité homme/femme on doit la réclamer à TOUS les niveaux. C'est pourquoi je milite POUR le congé paternité obligatoire (sinon 60% ne le prendront pas et pour les 40% ce sera l'objet d'infini négo avec leur boss) de trois mois et demi (à égalité avec celui de la mère).  Et plutôt deux fois qu'une ! Si on veut plus de femmes au travail alors il faut plus d'hommes à la maison. Plus sérieusement ( pour le congé paternité je suis sérieuse, pas pour la phrase qui suit) je pense qu'il faut décloisonner les rôles. Et je pense également qu'enfants comme parents (et par parents j'entends père ET mère) ont besoin de temps pour inventer leurs rôles et s'apprivoiser. Et n'oubliez pas de voter pour moi et de me faire un chèque pour le financement de ma campagne à la sortie. ;-)

Je pense donc que quand un papa veut s'occuper de son enfant il faut applaudir des deux mains et lui faciliter la tache.

Papa 1 / Maman 0

Mais dans la vie les choses ne sont pas noires ou blanches. Ainsi une juge expliquait que lors des audiences pour définir les mode de garde elle pose un certains nombres de questions pour tâter le terrain. Par exemple "on est dimanche soir 19h est votre enfant à 39°. Vous avez une solution pour le garder le lendemain matin ?" Les mamans ont 3 ou 4 solutions les papa oscillent entre le "heuuuuuuu..." et le "J'appelle ma mère ?". Un tout petit exemple : combien de papas ont le numéro du pédiatre dans leur téléphone (et si je suis un peu sadique, je peux dire "dans la liste des favoris") ?

Alors je suis bien d'accord qu'être parent ne se résume pas à avoir ou pas un numéro dans son répertoire. Mais peut être est-ce un peu symptomatique. Pour y réfléchir, je propose de nous pencher sur ces quelques chiffres/rapports : Observatoires des inégalités.
Selon l'INSEE au sein d'un couple une femme consacrerait deux fois plus de temps au soin des enfants que son compagnon.

Après tout où est l'inégalité, maman comme papa travaillent, non ? 
L'inégalité se trouve peut être sur la fiche de paye à la fin du mois, ou dans les promotions que maman n'aura pas eu.


Alors oui un réflexe bête et méchant donne parfois envie de dire, "si je suis assez bonne pour m'en occuper deux fois plus que toi en temps normal, alors je dois être assez bonne pour les voir deux fois plus en cas de divorce", chacun récoltant les bénéfices de ses choix (en imaginant que la garde principale est un bénéfice, mais ça c'est un autre débat). Un autre réflexe tout aussi bête et méchant donne envie de dire "pourquoi le confier à sa mère ? Parceque ça fait plusieurs années qu'elle peaufine le mode d'emploi, tandis que le père en est encore à chercher le bouton ON".

Maman 1 /  Papa 1 (je rappelle que maman joue à domicile ;-)) (Femme au foyer , maman à domicile, humour... enfin "tentative d'humour").

On peut également parler de ces papas toxiques. Non pas que les mamans toxiques n’existent pas (loin de là). Mais si un papa empêche son enfant de voir sa mère pendant 3 semaines, puis deux mois et ensuite monte sur une grue s’estimant martyrisé, on aura du mal à le suivre. Je pense aussi à ce papa qui réclame à corps et à cri sa petite fille au tribunal, qui harcèle son ex-femme de mails et de sms, mais qui n'est pas venu une seule fois à l’hôpital le jour où cette tout petite d'à peine un an s'est faite opérée d'une malformation grave et a subi plusieurs heures d'opération. Ces parents veulent voir leurs actions dans un situation globale, ils s'inscrivent dans une histoire, une guerre, mais ils en oublient leur comportement personnel. C'est certes une famille et une histoire qui sont évoquées devant les tribunaux, mais aussi des personnalités et des comportements. Le nez dans le guidon bien des parents ne voit plus du tout leurs actes de manière objective.

Pour illustrer ce que je viens de dire penchons nous sur la parole d'un papa tirée de l'appel à témoignage du Monde : "J'étais alors père au foyer, les enfants voulaient vivre avec moi et c'est mon ex-épouse qui m'avait trompé et détruit notre famille.". Ce serait logique d'accorder la garde à un papa qui était père au foyer (et chez qui les enfants veulent résider), mais que vient faire ici le fait que l'ex-épouse a trompé son mari ? En quoi est-ce que cela regarde les enfants et leur garde ? Le fait même de faire un lien entre les deux me gène et me choque. J'en arrive à me demander si ce papa n'inclue pas la garde de ses enfants au milieu d'une guerre conjugale déclenchée par la tromperie de sa femme.

Coup de sifflet de l'arbitre.

Mi-temps.

Vestiaires.

Spot publicitaire : Le papa de mon enfant, c'est le meilleur. Sauf quand il oublie systématiquement de me laisser sa carte vital pour aller chez le pédiatre avec le gnome. Mais en dehors de ça, c'est le meilleur.

Revenons à notre match puisque c'est bien d'un match qu'il s'agit. Qui n' a jamais vécu de divorce, n'imagine pas la violence qui se déchaine à ce moment là. Même dans une séparation harmonieuse (et je pense que celle de mes parents, la première que j'ai vécue, en fait plutôt partie) on se retrouve à faire des choses et à dire des choses qu'on n'imaginait pas. Voilà pourquoi je pense que baliser le terrain avant et l'encadrer par la loi n'est pas une mauvaise idée. Voilà pourquoi je suis fondamentalement contre ce genre de déclaration :  "Je milite pour qu'un magistrat n'ait plus à traiter du temps libre d'un enfant ni de pension alimentaire. En quoi le partage du temps libre d'un enfant et le coût de son éducation doivent-ils dépendre de la loi ?" (lien Le Monde ci dessus).




Oui au départ on est plein de bons sentiments,  on déclare comme ce père : "Si la résidence principale de mes enfants avait été fixé à mon domicile, mes enfants auraient pu rencontrer leur mère autant qu'ils l'auraient souhaité." (lien Le Monde, toujours). Attendez, monsieur, que votre femme vous accuse d'avoir couché à droite à gauche, de manipuler vos enfants, voir même de les tripoter (exemples piochés au hasard) ? Aurez-vous le même discours ? J'en doute. Vous la déclarerez irresponsable, agressive et dangereuse pour vos petits. Vous ne voudrez plus qu'ils la voient Et vous ne vous en serez même pas rendu compte. Pour avoir été l'enfant au milieu je peux vous le garantir. Même dans les séparations harmonieuses (quel oxymore, cette expression !), il y a le petit mot de trop qui donne envie de faire payer, petit mot d'ailleurs souvent relayé innocemment par l'enfant au milieu.

Maman 1 / Papa 1 / Juge 1 (et oui parfois le sport tourne au ménage à trois)

Autre chose je n'en peux plus des insinuation à deux euros cinquante sur les juges. On parle de la perte de respect du métier de professeur mais les juges sont largement plus victimes de cette tendance là. Voilà maintenant que les hommes crient à la discrimination quand les JAF sont des femmes. Une femme crie-t-elle à la discrimination quand un chargé de recrutement est un homme ? Ces hommes là ne se décrédibilisent-ils pas totalement en sous entendant qu'il y a une conspiration internationale pour empêcher les pères de voir leurs enfants ? C'est bien connu, les femmes ne pensent qu'avec leurs ovaires.

Reprenons le fil de notre match.

Alors oui certains pères ne sont pas au point le jour de leur divorce. Oui ils ont aussi parfois tendance à confondre garde des enfants et vengeance (tout autant que les mères). Oui les mamans ont souvent consenti beaucoup de sacrifices pour rester auprès de leurs petits choux. Mais justement le divorce est aussi parfois l'occasion pour certains pères de devenir père, de prendre une place à laquelle ils n'auraient jamais eu accès sinon. Les mères n'ont pas plus le gène de la couche culotte que les pères (voir pour cela le livre d’Élisabeth Badinter, au titre magnifique, L'amour en plus). Nombreux sont ces pères qui "reçoivent la responsabilité [d'un enfant] et endossent ce manteaux parce qu'ils le doivent, puis s’aperçoivent à leur grande surprise, qu'ils le portent très bien" (Harry Potter détourné ;-)).
Pour de nombreuses raisons très personnelles donner un père à mon enfant était l’enjeu numéro un pour moi et je veux parler d'un père véritablement présent, avec ses qualités et ses défauts. Dans un sens, le hasard a joué pour moi. Durant les première semaines de vie de mon enfant j'ai été physiquement incapable de m'en occuper comme je l'aurais voulu, de même que son père l'a vu avant moi. Cela a donné à son père une place qu'il aurait peut être mis plus de temps à avoir. Une chose est sure, leur lien en a été incroyablement renforcé. Les pères qui se retrouvent au pied du mur assurent souvent bien mieux qu'ils ne l'auraient imaginé (merci la propagande sur les gènes maternels !). Avec mon mari , non seulement aucune couche n'a débordé, aucun réveil n'a été loupé, le frigo a toujours été rempli et notre fils a toujours été impeccablement propre, mais ce tout-petit lui a également offert son premier sourire, ses yeux qui brillent etc...
Ce qui est important ce n'est pas ce qui nous arrive mais ce que nous en faisons. L'important n'est pas de divorcer mais de saisir cette opportunité pour que chacun puisse jouer son rôle. Redistribuer les cartes en quelque sorte.

Papa 2 / Maman 1

OK. Mais redistribuer les cartes signifie-t-il faire du 50/50 ?

Disons que ce qui me choque dans ce match c'est... que c'est un match. On ne parle pas ici de se partager l'argent du compte commun. Derrière les chiffres (50% des vacances, 2 week-end par mois) se cache une personne (ou des personnes), du genre de celles qui ont le moins la possibilité de se défendre ou de s'exprimer.
Un jour mon compagnon m'a dit "ooooooh j'imagine que petite tu as du jouer du divorce de tes parents pour avoir ce que tu voulais. Tous les enfants de divorcés font ça !".



Je crois que j'aurais pu lui arracher les yeux. J'ai essayé de comprendre pourquoi ces mots me semblaient si violents. Je pense que c'est justement parce que quand on est enfant de divorcés on a l'impression de devenir objet alors que grandir c'est devenir sujet. Quand on est enfant du divorce, on s'écrase.

D'ailleurs voici un petit témoignage tiré du blog de l'excellent Maître Mô
J'y vois quelques failles et quelques maladresses (je vous garantis qu'une petite fille de 10 ans voit très bien ce que la mère reproche au père), mais globalement, la vision est très juste.

"Maman dit que c’est du grand n’importe quoi. Inès fait bien attention de ne rien oublier quand elle repart chaque vendredi pour ne pas que sa mère dise encore : "Tu vois c’est n’importe quoi, c’est comme ton père qui t’a inscrite au judo sans rien me dire." "Mais maman, les inscriptions c’était sur une semaine, il fallait bien que quelqu’un le fasse"
Parfois, elle oublie quand même ses lunettes ou son cahier de lecture.
Maman ne veut plus qu’Inès amène son chien chez son père ou que Laura prenne sa harpe à  chaque fois. Papa a dû en acheter une pour chez lui. Maman a décidé que les filles ont des habits pour chez maman et des habits pour chez papa. Elle dit que c’est plus simple, mais du coup son beau pull violet, Inès ne peut le mettre que chez son papa. Mais elle ne dit surtout rien, sinon peut-être que la juge va décider qu’il faut tout arrêter".

Voilà la vie du 50/50. Joie.

Être enfant du divorce c'est marcher sur des œufs, ne pas oublier ses affaire, surveiller ses paroles et surtout ne jamais exprimer aucun souhait qui pourrait laisser croire qu'on prend parti. Parce que quand on est un enfant du divorce et qu'on prend parti c'est qu'on en est arrivé au bout de quelque chose avec l'un de ses parents et  que l'on sait que la relation va être très difficile ensuite mais que c'est tellement plus vivable qu'il faut agir.

Le 50/50 de la garde alternée ça veut aussi dire que rien ne nous appartient vraiment. Parce qu'il y a la harpe de chez papa et la harpe de chez maman mais jamais NOTRE harpe. Le 50/50 de la garde alternée ça veut dire que le jour où on aura enfin une maison, un chez-soit, ce sera le jour où on partira de chez ses parents. J'ai mis du temps à voir mon trousseau de clef si léger et ça m'a fait longtemps bizarre de dire "la clef de chez moi".


Bien sûr il y a aussi des avantages : chaque parents est tellement content de voir son enfant que pas une seule seconde n'est perdue. Pas de temps mort dans les vacances des enfants du divorce ! On en fait deux fois plus et on en voit deux fois plus. La vie est deux fois plus riche.

 
Il n'empêche... le prix reste élevé.

Je pense qu'on ne devrait pas imposer le 50/50 sous des prétextes féministes (ou masculiniste) ou parce que c'est le seul moyen que des parents s'entendent. Hey les parents, de toute façon vous divorcez, alors n'essayez même pas de vous entendre car de toute façon vous allez vous disputer, pour trois fois rien la plus part du temps ! Alors vous allez parler de votre lien avec votre enfant de (vrais) sanglots dans la voix. Mais vous êtes vous seulement demandé quel allait être sa qualité de vie ?

Voilà pourquoi je ne soutiens finalement pas les papas des grues. Ni leur ex. Je soutiens leurs enfants, en leur disant qu'ils vont avoir une vie à la fois plus dure et plus belle. Je leur dis que c'est à eux d'en tirer le meilleur. Et je leur envoie tout mon courage.

A tous, divorcés, mariés, parents, enfants, célibataires je conseille la lecture de ce livre pour enfants cette bible : Le jeu des sept familles de la bien-nommée Anne Fine . (le résumé du livre est pourri)
Pas une seule semaine ne se passe sans que je ne pense à ce livre et aux quelques leçons de vie qu'il livre, au delà de la question de la famille.