mardi 11 septembre 2012

Je suis une salope...

Voici ma déclaration du jour : je suis une salope.

Explications.

J'ai découverts, grâce à cette sommité du féminisme qu'est Grazia, qu'il existe une mode, le "slut shaming", pudiquement traduit par "la stigmatisation des salopes".
L'idée générale c'est que certains hommes et certaines femmes dénigrent certaines "en raison de leur tenue ou de leurs pratiques sexuelles". Bref : honte à celle qui couche, à celle qui exhibe décolletés et minis jupes etc... Parmi ces idées circulent aussi le lieu commun suivant "si elle s'est faite violée c'est parce qu'elle avait une tenue provocante".

Voilà pour les définitions.

Cette question rejoint une discussion que j'ai eu récemment avec des amis sur la question du lien entre les vêtements et le sexe. L'un de mes amis, père d'une petite fill,e était ennuyé que certaines jeunes filles lancent avec leurs vêtements un message qu'elles ne maîtrisent pas forcément. Nous sommes tombés d'accord sur le fait que les vêtements sont un langage et qu'on ne parlent pas tous la même langue. Et pour tout dire, moi aussi je suis très gênée de voir des fillettes de 7 ans avec un string. OUI il y a actuellement une sexualisation des petites filles. Mais la limite entre petite fille et jeune fille est d'autant plus difficile à distinguer que le statut de l'enfant  a évolué et que la sexualité/séduction enfantine est maintenant communément admise. Très concrètement : à partir de quand estime-t-on qu'une jeune fille sait ce qu'elle fait quand elle met un string ? Et pourquoi moi, qui m'auto-proclame "salope", je refuserais d'acheter un string à ma petite fille ou de la transformer en fantasme vivant pour pédophile ? "Fais ce que je dis pas ce que je fais" ? Jusqu'à quel age ?

La question des habits et du lien qu'ils entretiennent avec la sexualité est donc complexe.

Néanmoins il reste quelques fondamentaux qui font que quoi qu'il arrive je me classe avec joie dans la catégorie des salopes.



Tout d'abord, à celles qui disent "hey les filles, vous savez que vos seins théoriquement vont sous le tee-shrit" je me joins à d'autres pour répondre que mes seins vont strictement où JE le veux. Concrètement n'est-ce pas disposer de moi même que de décider de ce que je fais de mes seins ? Et disposer de son propre corps n'est-ce pas la liberté n°1 ? Bizarrement quand on parle de liberté de corps, on pense "prison" "esclavage". Mais l'idée que s'habiller comme on le souhaite soit disposer de son corps, ne vient pas à l'esprit.

Ensuite concernant les pratiques sexuelles, je me contenterai de répéter ce que l'on m'a toujours appris "tout ce que tu veux tant que c'est entre adultes consentants". L'appétit sexuel influerait-il sur les neurones ? Serait-on incapable de se conduire correctement, de savoir faire la part des choses sous prétexte qu'on aime (ou pas) le sexe ? Mais surtout on revient sur la vieille image malheureusement toujours d'actualité : Une femme qui couche est une salope, un homme qui couche est un séducteur. Je pensais que c'était passé, que c'était un lieu commun stupide et éculé, visiblement pas.

Enfin moi je trouve que comme toujours les grands oubliés, ce sont les hommes. Dès qu'on se penche sur les problèmes dit "de femme", les hommes disparaissent du paysage. Je rêve que l'on demande à un homme comment concilier travail et enfants ou si ils n'ont pas peur d'être agressés en étant torse nus. Car OUI les hommes torse nu ou qui laissent apparaitre leurs tétons à travers le tee-shirt ne sont-ils pas des porcs ? Pourquoi notre société a-t-elle fini par admettre qu'une femme torse nu c'est mal mais qu'un homme torse nu c'est... banal (sauf au mois de décembre). Et nos charmants petits porcelets n'ont-ils pas peur de se faire agresser ? Car enfin la femme n'est pas sans appétit à ce niveau là et pourrait très bien considérer qu'un homme torse nu c'est "open bar" tout comme de nombreux hommes considèrent qu'une femme (habillée) dans le métro, c'est "open bar". Et ceux, comme maître Eolas, qui se réjouissent de l'arrivée des beaux-jours pour cause de débardeurs n'en ont-ils pas assez du slut bashing, du énième chapitre de la guerre entre ceux qui pensent qu'on peut vivre en bonne intelligence contre ceux qui veulent préserver... Préserver quoi ? Euuuuh je ne sais pas. La pudeur des autres, peut-être.
Enfin quand on les dit incapables de se contrôler, nos hommes, j'ai bien l'impression qu'on les castre, qu'on les dénigre. Les hommes ne seraient que ces êtres stupides gouvernés uniquement par leur queue et leurs instincts, incapables de faire appel à leur raison. Désolée mais moi je les aime trop pour les considérer comme tel. Pour moi un violeur est un violeur parce qu'il a décider de passer à l'acte et pas parce que c'est inscrit dans ses gènes ou parce qu'il est un homme.


Il fut pourtant une période où une femme pouvait se promener les seins à l'air (pour de vrai !) sans que "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre" (comme dirait le plus poétique des machos). Ça n'est pas si lointain (nos parents, grands parents, pour les plus jeunes). Alors dites moi, que s'est-il passé pour que ce qui était admis autrefois ne le soit plus aujourd'hui ?

Si vous voulez mon avis, c'est à cette dernière question qu'il faudrait d'urgence répondre.


Un petit tumblr pour la slut pride
Le site de grazia : http://www.grazia.fr/ (ou l’article devrait bien finir par apparaitre)



3 commentaires:

  1. Quand tu parles de "pudeur des autres", j'ai été très étonnée cet été de la réaction de certains qui ne comprenaient pas pourquoi je ne mettais pas de haut de maillot de bain à ma fille... adultes comme enfants plus grands d'ailleurs. Ceci dans le contexte canadien, car dans le contexte grec, je me suis plutôt fait dire le contraire (pourquoi mettre un maillot de bain à un bébé, laisse-la donc toute nue!). C'est drôle comment nos perceptions d'adultes influencent notre regard sur les enfants et ce qu'on juge être la "norme vestimentaire" pour eux.
    En passant, félicitations pour le blog, tu t'es enfin lancée! Je vais te suivre avec intérêt.

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  2. C'est exactement ce dont on parlait avec nos amis. C'est comme ça qu'on en est arrivé à parler de langage du vêtement.

    Le mono-kini ne choquera pas les hollandais par exemple par contre un maillot de bain de forme brésilienne et ce sera l'émeute...

    Pour les enfants c'est bien évidemment encore plus "touchy". Et comme je suis un peu vieux jeu là dessus... pour moi aucun problème à laisser courir un bébé tout nu mais hors de question d'acheter un string taille enfant. Et d'ailleurs cacher un enfant sous un maillot de bain, n'est-c pas non plus les "sexualiser" plus tôt qu'ils ne le font ?

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    1. un homme qui se promène en torse nu est, pour moi, un porc...surtout s'il est poilu...un peu moins, c'est vrai s'il fait apparaître de jolies tablettes de chocolat bien bronzées :-)))

      pour ce qui est des femmes seins nus (sur la plage, j'imagine qu'on ne parle pas de la rue...?!), au-delà du puritanisme qui commence à gagner le "vieux continent", je pense qu'il y a aussi une réprobation publique pour des questions de santé...ce qui pose un autre débat, sur le "politiquement correct" ou la "bien-pensée" sur lequel j'attends de te lire aussi ;-))
      (au fait, sev = barbalala de bbp. bizz et continue !)

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